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La France critique le renvoi par la Turquie de son navire d'exploration en Méditerranée orientale

Le navire d'exploration turc Oruc Reis sera en Méditerranée orientale "du 12 au 20 octobre" dans la zone où il se trouvait en août et septembre. Athènes voit dans la décision turque une "grave escalade" menaçant la paix régionale.

Les forces navales turques ont annoncé dimanche 12 octobre que le navire Oruc Reis conduira une étude sismique en Méditerranée orientale, ce qui pourrait raviver les tensions avec la Grèce et ses alliés de l'OTAN. Il opérera des activités dans la région, y compris au sud de l'île grecque de Kastellorizo, selon le message envoyé par la marine turque dans une notice d'information maritime (Navtex). 

Athènes et Ankara avaient connu un mois de fortes tensions après le déploiement par la Turquie, du 10 août à la mi-septembre, du bateau sismique, escorté de navires de guerre, pour procéder à des explorations au large de cette île grecque, située à 2 km des côtes turques, une zone potentiellement riche en gaz naturel.

La Grèce a aussitôt qualifié de "grave escalade" menaçant la paix régionale cette décision d'Ankara de relancer des études sismiques en Méditerranée.

De son côté, Paris a dit attendre de la Turquie qu'elle se conforme à ses engagements, s'abstienne de nouvelles provocations et donne des gages concrets de sa volonté de dialoguer de bonne foi, a déclaré lundi Agnès von der Mühll, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Différend sur les eaux territoriales

La Grèce revendique son pouvoir sur les eaux entourant Kastellorizo, mais la Turquie rejette sa domination, insistant sur le fait qu'elle a des droits plus étendus en Méditerranée orientale en raison de son littoral plus long. Ankara a commencé par déployer l'Oruc Reis et des navires militaires dans ces eaux disputées le 10 août et a allongé leur mission, ignorant les appels répétés de l'Union européenne et d'Athènes visant à la faire cesser.

Le navire sera rejoint lors de la prochaine mission de "sondage sismique" par deux autres navires dénommés Ataman et Cengiz Han, selon Navtex. L'Oruc Reis avait regagné les côtes turques le mois dernier, alors qu'il se trouvait dans des eaux revendiquées par la Grèce, dans ce que beaucoup espéraient être un signe de désescalade pour résoudre cette crise. Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait alors déclaré que ce retrait visait à laisser une chance à la diplomatie. Mais les dirigeants turcs ont aussi expliqué que le navire allait simplement effectuer une maintenance prévue, et qu'il retournerait en Méditerranée orientale pour poursuivre son travail.

La menace de sanctions      

L'espoir était toutefois réapparu lorsqu'Ankara et Athènes s'étaient mis d'accord pour mener des négociations le mois dernier, notamment à la suite d'efforts diplomatiques menés par l'Allemagne pour désamorcer cette crise.

Les discussions avaient été retardées depuis 2016 et étaient censées reprendre à Istanbul mais aucune date n'avait jamais été donnée. Les échanges du plus haut niveau depuis le début des tensions ont eu lieu la semaine dernière lorsque les ministres des Affaires étrangères turc et grec se sont rencontrés en marge d'un forum sur la sécurité à Bratislava, en Slovaquie.

Lors d'un sommet plus tôt dans le mois, l'UE a menacé Ankara de sanctions si la Turquie ne réussissait pas à mettre un terme aux activités d'explorations énergétiques dans des eaux revendiquées par Chypre et la Grèce. La Turquie avait décrit la menace comme "non-constructive", mais sa dernière décision rajoutera de la tension aux relations entre Ankara et Bruxelles.

Le ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, doit se rendre à Ankara mercredi, selon le média d'État turc TRT, pour une rencontre au cours de laquelle la question de la Méditerranée orientale occupera une place centrale.

Avec AFP et Reuters