Arrivé en tête du premier tour de l'élection "présidentielle" de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord, Ersin Tatar, candidat soutenu par la Turquie, affrontera le "président" sortant, Mustafa Akinci, lors du second tour, le 18 octobre prochain.
Ersin Tatar, candidat nationaliste soutenu par la Turquie, est arrivé, dimanche 11 octobre, en tête du premier tour de l'élection "présidentielle" de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara. Il devance le dirigeant sortant Mustafa Akinci, selon le Conseil électoral.
Après dépouillement dans 723 bureaux sur 738, le Conseil électoral a annoncé que le candidat soutenu par la Turquie, Ersin Tatar, était arrivé en tête avec 32,46 % des voix, devant le "président" sortant Mustafa Akinci, en froid avec le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a récolté 29,73 %.
Un second tour les opposera le 18 octobre, lors duquel Mustaf Akinci pourrait emporter facilement la victoire grâce à un report des voix, selon des analystes.
Cette élection "présidentielle" a lieu sur fond de tensions en Méditerranée orientale autour de l'exploitation d'hydrocarbures entre Ankara et Athènes, principal allié de la République de Chypre qui exerce son autorité sur les deux tiers sud de l'île et est membre de l'Union européenne.
La RTCN, qui compte environ 300 000 habitants, est établie sur le tiers nord de l'île, occupé depuis 1974 par la Turquie en réaction à un coup d'État pour rattacher Chypre à la Grèce. La Turquie, dont les côtes sont distantes de quelque 80 km de celles de Chypre, considère l'île comme une pièce majeure dans sa stratégie visant à étendre ses frontières maritimes.
Mustafa Akinci est talonné par Tufan Erhurman (environ 21,62 % des voix), un autre social-démocrate qui prône comme lui une réunification de Chypre sous la forme d'un État fédéral. Le report des voix devrait ainsi être favorable au sortant.
"Élection cruciale"
Au QG du "président" sortant, quelques centaines de ses soutiens étaient rassemblés et dansaient en tapant des mains sur des chansons locales, certains criant "on a gagné".
"Cette élection est cruciale pour notre destin", a déclaré Mustaf Akinci, 72 ans, après avoir voté, se disant préoccupé par la santé des Chypriotes-turcs en raison de la pandémie mais aussi par la "santé de la politique" en RTCN.
Cet indépendant partisan d'un desserrement des liens avec Ankara a dénoncé "l'intervention de la Turquie" dans l'élection.
La Turquie soutient ouvertement Ersin Tatar, 60 ans, actuellement "Premier ministre" du gouvernement auquel revient une grande partie des pouvoirs exécutifs.
"La RTCN et son peuple forment un État (...) Nous méritons de vivre sur la base d'une souveraineté égale", a déclaré Ersin Tatar, applaudi par ses supporters devant son bureau de vote, laissant entendre son soutien à une partition définitive du pays entre deux États souverains.
Depuis plusieurs années, les négociations pour une réunification achoppent notamment sur la question du retrait des quelque 30 000 soldats turcs présents dans le tiers nord occupé.
L'élection en RTCN, qui dépend économiquement de la Turquie, a aussi lieu dans un contexte de crise économique, amplifiée par la pandémie de Covid-19. Plus de 800 cas y ont été recensés officiellement jusque-là, dont 4 décès.
Avec AFP