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La Corée du Nord présente un missile balistique intercontinental géant lors d'un défilé militaire

À l'occasion d'un défilé militaire organisé à Pyongyang pour les 75 ans du parti au pouvoir, la Corée du Nord a dévoilé, samedi, un missile balistique intercontinental géant, estimé par les analystes comme étant le "plus gros missile" de ce type "jamais vu à ce jour".

Lors d'un défilé militaire à Pyongyang marquant le 75e anniversaire de la fondation du Parti du travail au pouvoir, la Corée du Nord a présenté, samedi 10 octobre, un missile balistique intercontinental (ICBM) géant, monté pour l'occasion sur un véhicule de transport à 11 essieux.

Selon les spécialistes de la Federation of American Scientists, une ONG scrutant les risques liés au nucléaire, ce missile — le Hwasong-15 —, serait l'un des plus grands missiles balistiques intercontinentaux mobiles routiers (ICBM) au monde s'il devenait opérationnel.

Membre de l'ONG et auteur de "Kim Jong-un and the bomb", Ankit Panda a estimé dans un tweet qu'il s'agissait du "plus gros missile mobile à combustion liquide jamais vu à ce jour".

Largest *road-mobile* liquid-fueled missile anywhere, to be clear. https://t.co/c4Y43cXOcH

— Ankit Panda (@nktpnd) October 10, 2020

Une démonstration de puissance

Lors de cette parade, Kim Jong-un s'est excusé de ne pas avoir pu améliorer la vie quotidienne des Nord-Coréens. "Je suis désolé d'avoir été incapable de payer en retour l'immense confiance que vous avez manifestée", a-t-il déclaré.

Le leader nord-coréen a accusé les sanctions internationales, les typhons et le Covid-19 de l'avoir empêché de tenir ses promesses en matière de croissance économique. "Mes efforts et mon dévouement n'ont pas permis d'améliorer les conditions de vie difficiles de notre peuple"' a-t-il dit.

Les responsables sud-coréens avaient indiqué cette semaine que Kim Jong-un pourrait faire de cet événement une démonstration de puissance "de faible intensité" avant l'élection présidentielle américaine du 3 novembre, alors que les pourparlers avec les États-Unis sur le nucléaire militaire sont au point mort.

"Il ne faut pas ignorer la Corée du Nord"

"Nous continuerons à renforcer notre armée, à des fins d'autodéfense et de dissuasion", a lancé à la foule le leader nord-coréen en costume gris, dans un discours retransmis en différé par la télévision d'État. "Si vous n'avez pas la force, vous devrez essuyer les larmes et le sang qui couleront de vos deux poings serrés", a-t-il ajouté.

Selon l'état-major sud-coréen, le défilé militaire s'est déroulé tôt samedi matin, plusieurs heures avant sa diffusion à la télévision, et a été "attentivement" suivi par les services de renseignement sud-coréens et américains.

Fin décembre, le leader nord-coréen avait menacé de présenter une "nouvelle arme stratégique" mais certains experts pensent que Pyongyang n'a pas l'intention d'irriter la Maison Blanche avant la présidentielle américaine. 

Pour Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul, il n'est pas possible de savoir dans quelle mesure l'équipement présenté "fonctionne vraiment". Mais "l'armement présenté lors du défilé est un rappel sérieux qu'il ne faut pas ignorer la Corée du Nord", ajoute-t-il.

Pas de masque ni de distanciation physique

Contrairement à de précédents défilés, aucun média étranger n'avait été invité cette année. Nombre d'ambassades sont fermées du fait des restrictions liées au Covid-19, ce qui fait que le nombre d'observateurs étrangers était limité.

Lors de la parade, les diverses unités militaires se sont succédé sur la place sous les yeux d'un Kim Jong-un parfois souriant et plaisantant avec ses généraux.

Des escadrons d'avions de combat ont volé au-dessus de la ville en larguant des fusées éclairantes, puis des véhicules blindés et missiles ont défilé dans les rues.

Aucun des participants ni personne dans le public ne portait de masque. De fait, le leader nord-coréen a assuré qu'il n'y avait "pas une seule personne" atteinte de coronavirus dans son pays, alors que la pandémie a touché le monde entier. Visiblement ému, il a remercié à plusieurs reprises ses concitoyens pour leurs efforts.

À la tête d'un pays dont le système de santé est très défaillant, Kim Jong-un a décidé de fermer en janvier les frontières de la Corée du Nord, afin d'empêcher une propagation de la pandémie apparue chez le voisin chinois.

Harry Kazianis, du Center for National Interest, un centre de recherche, note que la distanciation sociale n'était pas non plus à l'ordre du jour lors durant le défilé militaire. "Certains diront qu'il s'agit d'une démonstration de force, mais une telle démagogie est pure folie", juge-t-il. "Le régime joue avec la vie de son peuple."

Avec AFP et Reuters