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Nouvelle-Calédonie : participation en hausse pour le second référendum sur l'indépendance

La Nouvelle-Calédonie vote, dimanche, lors d'un second référendum sur son indépendance. En fin de journée, la participation était en nette hausse par rapport à la précédente consultation, en 2018, s'établissant à 79,63 %. Il y a deux ans, le premier référendum avait vu le "non" l'emporter à 56,7 %.

Un peu plus de 180 000 électeurs inscrits étaient invités, dimanche 4 octobre, à répondre à la question suivante: "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?"

Les électeurs de cet archipel français, colonisé en 1853 et disposant d'importantes réserves de nickel, avaient jusqu'à 18 h (09 h à Paris) pour se rendre dans l'un des 304 bureaux de vote.

À 18 h, la participation était en nette hausse s'établissant à 79,63 %, selon les chiffres du Haut-Commissariat. Soit 6 points de plus que lors du premier référendum qui, le 4 novembre 2018, a vu le "non" l'emporter à 56,7 %.

Situé à 18 000 km de Paris, ce territoire représente l'un des derniers bastions de souveraineté européenne dans la zone après le Brexit. Les premiers résultats du scrutin devraient être connus vers 11 h (heure de Paris). Le président français, Emmanuel Macron, a prévu de s'exprimer à la mi-journée depuis l'Elysée.

Nouvelle-Calédonie : participation en hausse pour le second référendum sur l'indépendance

"La première chose que l'on veut pour notre pays, c'est la paix"

"Je suis arrivée à 8h30 et il est 11 h, on n'est pas rentré encore, mais pour la dignité du pays, on attend", explique Chanié, kanak originaire de Lifou, en robe orange et coiffe en feuille de maïs. "Mon choix c'est 'oui', parce que je veux être libre, et je veux que ceux qui vont diriger notre pays, ce soit nos enfants, et plus la France".

Avant même l'ouverture des bureaux, Daniela, attendait à 7h30, devant les bureaux de vote installés à la Vallée des Colons, un quartier pluriethnique de Nouméa. "Je vote 'non' car la France a toujours été là pour nous, elle le restera j'espère", a-t-elle ajouté. Mais quel que soit le résultat, "la première chose que l'on veut pour notre pays, c'est la paix".

Le corps électoral de ce scrutin étant conditionné à plusieurs critères, tous les habitants du Caillou ne peuvent pas s'exprimer. Pour cela, il faut en effet justifier d'une résidence continue en Nouvelle-Calédonie depuis au moins le 31 décembre 1994, être natif de l'archipel, ou relever du statut civil coutumier kanak.

Christophe, 57 ans, dont parents et grands-parents sont nés sur le Caillou, est venu avec toute sa famille. "Chaque voix compte", insiste ce Caldoche (partie de la population essentiellement d'origine européenne, installée en Nouvelle-Calédonie depuis au moins une ou deux générations), qui "tient à son passeport français". Selon lui, "la Nouvelle-Calédonie n'est pas prête à être indépendante financièrement". Il craint notamment que l'indépendance signifie une "hausse d'impôt sur le foncier, alors qu'on n'a pas des gros salaires".

"J'entend les arguments économiques qui disent que c'est dangereux", mais "je vais voter 'oui' pour l'indépendance, car ce sont les conditions de la paix civile", estime Guillaume Berger, un autre Caldoche. "Notre présence ici sera remise en question si on n'est pas capable de construire l'indépendance avec les Kanak".

#ReferendumNC2020 Les électeurs se rendent aux urnes en #NouvelleCaledonie pour se prononcer sur la pleine souveraineté. Une mobilisation plus forte que lors du premier #Referendum en 2018 pic.twitter.com/yMvBzh7CUb

— AnneClaire Pophillat (@ACPophillat) October 4, 2020

Processus de décolonisation entamé en 1988

La consultation se déroule sans mesure barrière, ni masque. L'archipel est exempt de Covid-19, grâce à une réduction drastique des vols internationaux et une quarantaine obligatoire pour tout arrivant.

Ce référendum, comme le premier, s'inscrit dans un processus de décolonisation entamé en 1988 par les accords de Matignon. Aucun sondage n'a été réalisé mais les observateurs jugent une victoire du "oui" peu probable, avec un écart (18 000 voix en 2018) entre les deux camps qui pourrait se resserrer. 

Le Premier ministre, Jean Castex, réunira "les acteurs politiques calédoniens au lendemain" de la consultation. En cas de victoire du "non", un troisième référendum est possible d'ici à 2022. Une option que refusent déjà les loyalistes mais que les indépendantistes disent vouloir mettre très rapidement en œuvre.