Alors que séparatistes arméniens et forces azerbaïdjanaises s'affrontent sur le terrain du Haut-Karabakh depuis plus d'une semaine, de nouvelles frappes suivies d'explosions ont secoué, dimanche, Stepanakert, la "capitale" de la région indépendantiste.
Huitième jour d'hostilités dans le Haut-Karabakh. Selon des journalistes de l'AFP, de nouvelles frappes, suivies d'explosions ont secoué, dimanche 4 octobre, la principale ville de la région indépendantiste, Stepanakert, en proie à un conflit entre séparatistes arméniens et forces azerbaïdjanaises.
Les sirènes d'alertes ont retenti vers 09h30 dans la ville, juste avant que les explosions ne se multiplient. Les autorités azerbaïdjanaises ont, pour leur part, indiqué avoir pris des "mesures de représailles" après des tirs de roquettes par les séparatistes arméniens depuis Stepanakert.
Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a réclamé dimanche le retrait des forces arméniennes du Haut-Karabakh et demandé des excuses à Erevan. "Je n'ai qu'une seule condition" pour un cessez-le-feu, a-t-il déclaré dans une adresse télévisée à la nation. "Les forces armées (arméniennes, ndlr) doivent quitter nos territoires", a-t-il lancé, en demandant que le Premier ministre arménien Nikol Pachinian "s'excuse devant le peuple azerbaïdjanais".
La Turquie condamne les attaques contre Gandja, en Azerbaïdjan
La deuxième ville d'Azerbaïdjan, Gandja, est "sous le feu" des forces arméniennes, a annoncé, plus tôt dans la journée, le ministère azerbaïdjanais de la Défense dans un message posté sur Twitter. Les autorités de la région séparatiste du Haut-Karbakh affirment y avoir détruit un aéroport militaire.
La Turquie a condamné ces violences, alors que les combats s'intensifient. "Ces attaques aujourd'hui constituent un nouvel indicateur de la position arménienne qui ne reconnaît pas la loi. Nous condamnons ces attaques", a indiqué le ministère turc des Affaires étrangères, dans un communiqué.
La veille au soir, lors d'une allocution télévisée, le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, avait déclaré que l'Arménie faisait face "au moment peut-être le plus décisif de son histoire", référence au conflit au Haut-Karabakh, où des séparatistes soutenus par Erevan combattent les soldats azerbaïdjanais. Une "prière nationale pour le Haut-Karabakh et ses défenseurs" a par ailleurs eu lieu dans la soirée dans toutes les églises d'Arménie et de sa diaspora.
De son côté, le conseiller de la présidence azerbaïdjanaise, Hikmet Hajiyev, a tweeté une vidéo, décrivant le "résultat des attaques massives de missiles de l'Arménie contre des zones résidentielles denses" de la ville de Gandja. "L'Azerbaïdjan conserve son droit de prendre des mesures adéquates contre des cibles militaires légitimes pour défendre les civils et imposer la paix à l'Arménie. 4 nouveaux missiles viennent de frapper Gandja", a-t-il encore écrit.
Results of Armenia's massive missile attacks against dense residential areas in Ganja city. Azerbaijan retains its right to take adequate measures against legitimate military targets to defend civilians and enforce Armenia to peace. 4 new missile just hit Ganja. pic.twitter.com/GInYCJyJc6
— Hikmet Hajiyev (@HikmetHajiyev) October 4, 2020Plus de 240 morts, selon le bilan officiel
Samedi, au septième jour des hostilités dans cette région que l'Azerbaïdjan cherche à reconquérir, le ministère arménien de la Défense a assuré que les troupes séparatistes avaient repoussé une attaque massive.
Les militaires du Haut-Karabakh "ont détruit un gros regroupement militaire", a de son côté annoncé Chouchan Stepanian, une porte-parole militaire arménienne.
Mais Erevan a aussi officialisé le décès de 51 soldats supplémentaires de l'armée du Haut-Karabakh, portant le bilan officiel des affrontements à plus de 240 morts. Mais impossible pour l'heure de l'authentifier, chaque camp dit avoir infligé des pertes à l'autre.
Pour sa part, l'Azerbaïdjan a annoncé avoir reconquis le village de Madaguiz, d'une importance stratégique, qui permet de contrôler la route reliant l'Arménie au Karabakh.
Lors d'une conférence de presse, samedi soir, le conseiller de la présidence azerbaïdjanaise, Hikmet Hajiyev, a réitéré la position du gouvernement à Bakou : pas de cessez-le-feu tant que les troupes arméniennes ne se retirent pas des territoires occupés en Azerbaïdjan.
Selon notre correspondant, Ludovic de Foucaud, le procureur général était présent à cette conférence. Ce dernier a déclaré que l'Azerbaïdjan avait ouvert deux enquêtes pour crimes de guerre. En effet, Bakou accuse Erevan de cibler systématiquement des populations civiles.
À la question : l'Azerbaïdjan souhaite-t-elle une implication militaire de son allié turc, le conseiller du président a répondu par la négative. Selon lui, si l'Azerbaïdjan reconnaît et valide la solidarité et la fidélité de la Turquie, aucun pays ne doit s'impliquer dans le conflit, l'armée azerbaïdjanaise se suffisant à elle-même.
Côté arménien, tous les moyens sont mobilisés pour protéger les habitants du Haut-Karabakh. Les réservistes et volontaires se présentaient en masse, dimanche, devant un bureau de recrutement à Erevan, selon les constations de notre envoyé spécial, Gulliver Cragg. Mais la mobilisation va bien au-delà. Sous les drapeaux de l'Arménie et du Karabakh, bien en vue dans le centre de la capitale arménienne, des collectes de vêtements et de nourriture s'organisent. Parmi les donateurs, des citoyens, mais aussi des entreprises.
Avec AFP