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Au moins 95 personnes ont été tuées dans les combats opposant les séparatistes arméniens du Haut-Karabakh et l'Azerbaïdjan, selon le dernier bilan publié lundi soir. L'Élysée a annoncé mardi que la France allait déclencher une coordination du groupe de Minsk dans les prochains jours pour établir les responsabilités et trouver une voie de sortie.

L'Azerbaïdjan et les séparatistes arméniens affirment, mardi 29 septembre, s'être infligés de lourdes pertes, au troisième jour de combats – les plus meurtriers depuis 2016 – les opposant dans le Haut-Karabakh, malgré des efforts internationaux pour y mettre fin.

Plusieurs dirigeants étrangers, dont la chancelière allemande Angela Merkel, ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et le Conseil de sécurité de l'ONU se réunit en urgence mardi soir, pour tenter d'éviter une guerre ouverte entre Erevan et Bakou qui risquerait de déstabiliser la région et d'y entraîner les puissances régionales, la Turquie et la Russie.

L'Élysée a annoncé que la France allait déclencher une coordination du groupe de Minsk dans les prochains jours pour établir les responsabilités et trouver une voie de sortie.

La Russie a, elle, appelé la Turquie à œuvrer pour la paix dans le Haut-Karabakh. "Nous appelons tous les pays, surtout nos pays partenaires comme la Turquie, à faire tout leur possible pour (atteindre) un cessez-le-feu et revenir à un règlement pacifique de ce conflit", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le bilan officiel de ces combats meurtriers s'établit, mardi à la mi-journée, à 98 morts, dont 14 civils : dix en Azerbaïdjan et quatre côté arménien. Mais les deux camps affirment chacun avoir tué des centaines de militaires ennemis.

Les combats font toujours rage dans le Haut-Karabakh avant la réunion de l'ONU

La stabilité du Caucase du Sud menacée

L'Azerbaïdjan, pays turcophone à majorité chiite, réclame le retour sous son contrôle du Haut-Karabakh, province montagneuse peuplée majoritairement d'Arméniens, chrétiens, dont la sécession en 1991 n'a pas été reconnue par la communauté internationale.

Une guerre ouverte entre Erevan et Bakou risquerait de déstabiliser le Caucase du Sud, en particulier si la Turquie et la Russie, puissances régionales, intervenaient.

Or le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé lundi l'Arménie à mettre fin à ce qu'il a qualifié d' "occupation du Haut-Karabakh". "La Turquie continuera à se tenir aux côtés du pays frère et ami qu'est l'Azerbaïdjan, de tout notre cœur et par tous les moyens", a-t-il dit, encourageant Bakou à "prendre les choses en main".

Réunion du Conseil de sécurité

Les autres puissances – Russie, États-Unis, France, Iran, UE, ONU – ont appelé à une cessation immédiate des hostilités. Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir d'urgence mardi à 21 h GMT, à huis clos, pour évoquer la situation. Une déclaration pourrait être publiée à l'issue de la réunion, soit par le Conseil de sécurité, soit par les membres européens de l'instance, si un consensus n'est pas trouvé avec les autres partenaires.

L'Arménie et le Haut-Karabakh dénoncent une "ingérence" turque, accusant Ankara de fournir armes, "spécialistes militaires", pilotes de drones et avions à Bakou. Erevan a aussi affirmé qu'Ankara avait déployé des milliers de "mercenaires" transférés de Syrie. 

Mardi, l'Arménie a affirmé que la Turquie avait abattu un de ses avions militaires. "Un avion SU-25 arménien a été abattu par un F-16 turc (...) qui venait du territoire azerbaïdjanais", a annoncé la porte-parole du ministère arménien de la Défense, Chuchan Stepanian, dans un message sur Facebook, précisant que le pilote arménien de l'appareil "était mort en héros". 

Dans la foulée, ces propos ont été démenties par Ankara. "L'allégation selon laquelle la Turquie a abattu un chasseur arménien est absolument fausse", a déclaré le directeur de la communication de la présidence turque Fahrettin Altun.

Les combats font toujours rage dans le Haut-Karabakh avant la réunion de l'ONU

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a estimé, de son côté, que la Turquie avait transféré du territoire syrien plus de 300 combattants vers le Haut-Karabakh.

Le ministère azerbaïdjanais de la Défense a rejeté ces accusations, affirmant à l'inverse que "des mercenaires ethniquement arméniens" du Moyen-Orient combattaient côté séparatiste.

L'ambassadeur arménien en Russie, Vardan Toganyan, a dit à l'agence russe Ria Novosti que son pays n'hésiterait pas à utiliser des missiles balistiques Iskander fournis par Moscou si Ankara venait à mobiliser dans ce conflit les F-16 turcs.

Avec AFP