La France devra affronter, "si rien ne change", une "épidémie généralisée" pendant de longs mois, avec un système de santé "incapable de répondre à toutes les sollicitations", a prévenu Patrick Bouet, président du conseil national de l'Ordre des médecins lors d’un entretien publié dans le Journal du Dimanche.
Une nouvelle sonnette d'alarme vis-à-vis de l'épidémie de Covid-19. Selon le président du conseil national de l'Ordre des médecins, Patrick Bouet, la France devra affronter "une épidémie généralisée sur tout son territoire" pendant de longs mois, "si rien ne change", a-t-il averti dans un entretien publié dans un entretien au Journal du Dimanche. Le tout avec un système de santé "incapable de répondre à toutes les sollicitations".
"La deuxième vague arrive plus vite que nous [ne] le redoutions", a déclaré Patrick Bouet, alors que l'Hexagone connaît une recrudescence de cas de contamination.
"Mercredi, Olivier Véran [ministre de la Santé] a choisi un langage de vérité mais il n'est pas encore allé assez loin. Il n'a pas dit que, si rien ne change, dans trois à quatre semaines, la France va devoir affronter, pendant plusieurs longs mois d'automne et d'hiver, une épidémie généralisée sur tout son territoire", a-t-il ajouté.
Le pays n'aura pas de "base arrière dans laquelle puiser des renforts humains, avec un système de santé incapable de répondre à toutes les sollicitations", a encore dit Patrick Bouet.
Création d'un "Comité de pratique" sur "l'organisation, la logistique"
"Ce qui nous attend est une épreuve. Mais les professionnels de santé, à l'origine du miracle du printemps, ne pourront pas pallier à nouveau les carences structurelles. Beaucoup sont épuisés, traumatisés", a-t-il mis en garde.
Il a regretté que "le bilan de la première période n'ait pas été fait, pour mieux préparer à celle-ci". Il aurait fallu, pendant l'accalmie, "mettre en œuvre un processus de retour d'expérience" en organisant "des réunions au ministère de la Santé avec tous les acteurs de la crise". "Il était clair que les gens allaient se relâcher pendant les vacances et que les contaminations estivales des littoraux nourriraient les Covid urbains de septembre".
Le médecin a mis en cause la "technostructure du ministère de la santé". Selon lui, il est "urgent de créer un 'comité de pratique', une sorte de pendant au Conseil scientifique centré sur l'organisation, la logistique, le concret, et de le doter d'une déclinaison au niveau de chaque département".
"Faute de quoi, c'est le Samu, et donc l'hôpital, qui devra à nouveau tout gérer, avec à la clé le même embouteillage qu'au printemps au 15 [le numéro d'appel d'urgence, NDLR], a déclaré le président de l'Ordre, qui est médecin généraliste. "Il faut que la médecine de ville soit à même de bien coopérer avec l'hôpital".
Hausse des inquiétante des cas et des hospitalisations
Pour éviter un nouvel emballement incontrôlé de l'épidémie de Covid-19, le gouvernement a imposé cette semaine aux principales villes du pays un sévère tour de vis, la plupart, dont Paris, étant désormais en "zone d'alerte" renforcée ou maximale.
La pandémie de Covid-19 continue en France et s'est renforcée ces dernières semaines. Samedi 26 septembre, le pays a enregistré plus de 14 000 nouveaux cas en 24 heures, un chiffre en légère baisse par rapport aux dernières 48 heures.
Mais le taux de positivité poursuit également sa hausse régulière. Le pourcentage de personnes contaminées parmi les personnes testées au Covid-19 est de 7,2 %, selon le chiffre publié samedi 26 septembre par Santé publique France. Le nombre de nouveaux cas s'est quant à lui établi à 14 412 sur les dernières 24 heures, contre quelque 16 000 cas chaque jour, vendredi et jeudi.
Les hospitalisations poursuivent le même rythme. Sur les sept derniers jours, 4 102 nouvelles hospitalisations ont été enregistrées, dont 763 cas graves en réanimation. Depuis le début de l'épidémie, au moins 31 700 personnes sont mortes pour des causes liées au coronavirus.
Avec AFP