Après le chaos laissé par la double explosion du 4 août et la crise de Covid-19, les Libanaises délaissent leurs consultations gynécologiques, faute d'argent. Reportage.
Au chaos laissé par la double explosion survenue le 4 août à Beyrouth et la crise du Covid-19 s’ajoutent les problèmes de santé liés à la pauvreté. De nombreuses Libanaises ne consultent plus leur gynécologue, faute d’argent. Une situation qui pourrait engendrer de graves conséquences sur leur santé.
Après sept années passées dans un dispensaire de Jdeideh, une banlieue pauvre de Beyrouth, Nadine El Kassis, gynécologue libanaise, avait l'habitude de prendre en consultation principalement des réfugiées syriennes sans moyens et sans assurance-maladie. Mais depuis peu, les choses ont changé. "Il y a davantage de Libanaises qui ont recours aux soins ici, et il va y en avoir encore plus avec la crise économique qui va s'aggraver."
Un risque de cancer du sein
Dans un hôpital de Beyrouth, les Libanaises consultent moins qu’avant. "Aujourd'hui, de nombreuses femmes ne se rendent pas aux examens gynécologiques obligatoires, déplore une autre gynécologue. Cette femme est enceinte de huit mois. Elle aurait déjà dû réaliser un examen pour la prévention de maladies immunitaires."
À terme, "nous craignons que cette baisse de fréquentation ou que les reports des rendez-vous aient un impact sur le diagnostic du cancer du sein notamment, poursuit Nadine El Kassis. Nous savons que les examens tardifs entraînent des cas avancés de cancer du sein. Dans deux ou trois ans, on va voir les conséquences".
D'après l'Organisation mondiale de la Santé, le quart des décès liés au cancer chez les femmes libanaises est dû au cancer du sein. L'absence de diagnostic précoce pourrait aggraver encore la situation.