Au pouvoir depuis neuf mois, Dadis Camara s'est attiré les foudres de la communauté internationale au lendemain de la sanglante répression du 28 septembre. Rencontre avec le chef de la junte qui dit "être entre le marteau et l'enclume".
‘’J’ai dit que je ne serai pas candidat à la présidentielle. Mais il y a eu des événements très spontanés que le peuple a exigés, de manifestations en manifestations populaires pour demander que je sois candidat, explique le chef de la junte au pouvoir en Guinée, le capitaine Moussa Dadis Camara à Virginie Herz et Alain Chabod, envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Conakry. Je suis dans le dilemme. Quel dilemme ? Dire que je suis candidat et qu’il y ait des problèmes ? Je suis entre le marteau et l’enclume…’’
Arrivée au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en décembre 2008, le capitaine s'était fait acclamer par une population en quête de changement après 25 ans de règne sans partage du général-président Lansana Conté.
Neuf mois plus tard, le 28 septembre 2009, des dizaines d’opposants se sont rassemblés dans le stade de Conakry pour s’élever contre la candidature éventuelle de Camara à la prochaine élection présidentielle. L’armée tire sur la foule. Des femmes sont violées par des soldats. Selon l’ONU, au moins 150 personnes sont mortes sous les balles des militaires.
Pression internationale
Mais Dadis Camara nie toute responsabilité dans ces événements. Et assure que ces hommes n’ont pas agi sur ses ordres. ‘’J'ai hérité d'une situation extrêmement difficile par rapport à cette armée, assure-t-il. Aucun civil ne peut gérer cette armée ! Même nous, les militaires, nous avons des problèmes !’’
Depuis, la pression internationale s’accentue sur le chef de la junte. Mercredi, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a déclaré qu’il soupçonnait Camara d’avoir ‘’participé à la décision’’ de la répression sanglante de la manifestation. La présidence guinéenne a immédiatement balayé ses critiques en accusant le chef de la diplomatie française de ‘’copinage’’ avec l’opposition, notamment celle emmenée par le leader historique Alpha Condé.
‘’L'opposition a mené une campagne d'intoxication en Occident, aux États-Unis, c'est tout ce qui leur reste ! Ils n'ont plus d'armes, leur mouvement était machiavélique !’’, confie-t-il aux envoyés spéciaux de FRANCE 24.
Le président autoproclamé, qui s’en prend implicitement aux Guinéens expatriés à l’étranger, assure que, dans son pays, la grande majorité de la population le soutient. ‘’Vous voyez c'est ça mon armée, ma force d'interposition. Le destin c'est phénoménal, voilà ils sont en train de défier les faux leaders, des apatrides qui veulent ternir mon image en Occident’’, déclare-t-il devant une foule ralliée à sa cause.