Emmanuel Macron a confirmé lundi à Vladimir Poutine, lors d'un entretien téléphonique, que la France partageait "sur la base de ses propres analyses" les conclusions relatives à la "tentative d'assassinat" de l'opposant russe Alexeï Navalny. Berlin a annoncé le même jour que deux laboratoires indépendants, français et suédois, avaient confirmé l'empoisonnement d'Alexeï Navalny par un agent innervant de la famille du Novichok.
Emmanuel Macron s'est entretenu lundi 14 septembre avec Vladimir Poutine et lui a demandé que "toute la lumière soit faite, sans délai" sur la "tentative d'assassinat" de l'opposant russe Alexeï Navalny, qu'il qualifie "d'empoisonnement", a annoncé l'Élysée dans un communiqué.
"Une clarification est nécessaire de la part de la Russie dans le cadre d'une enquête crédible et transparente", a demandé le président français à son homologue russe, précisant que "la France partage, sur la base de ses propres analyses, les conclusions de plusieurs de ses partenaires européens sur les faits d'empoisonnement à l'aide d'un agent neurotoxique Novichok".
Dans un entretien téléphonique lundi, Vladimir Poutine a jugé "malvenues les accusations non étayées et fondées sur rien visant la partie russe". Il a réclamé de nouveau que Berlin fournisse "les échantillons biologiques" ayant permis aux spécialistes allemands de pointer du doigt une substance de type Novichok.
L'état de santé d'Alexeï Navalny continue par ailleurs de "s'améliorer" a annoncé lundi l'hôpital berlinois de la Charité, précisant que l'opposant russe pouvait désormais "temporairement quitter son lit".
Nalvany empoisonné au Novichok, selon des laboratoires français et suédois
Ces déclarations surviennent après que des laboratoires français et suédois ont analysé des "échantillons prélevés" sur Alexeï Navalny et confirmé un empoisonnement par un agent neurotoxique de type Novichok, a annoncé, lundi également, le gouvernement allemand.
Un laboratoire militaire allemand avait déjà conclu le 3 septembre à l'empoisonnement de l'opposant russe âgé de 44 ans par ce puissant agent neurotoxique, ce que Moscou conteste.
"Le gouvernement allemand a également demandé à d'autres partenaires européens, à savoir la France et la Suède, de vérifier de manière indépendante les preuves allemandes sur la base de nouveaux échantillons prélevés sur M. Navalny", a indiqué dans un communiqué le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert. "Les résultats de cet examen par des laboratoires spéciaux en France et en Suède sont maintenant disponibles et confirment les preuves allemandes", annonce-t-il.
"Trois laboratoires ont à présent fourni de manière indépendante la preuve qu'un agent neurotoxique du groupe Novichok est la cause de l'empoisonnement de M. Navalny", assène Steffen Seibert.
L'utilisation de Novichok "constitue une grave violation de la Convention sur les armes chimiques", rappelle en outre le porte-parole.
Dossier transmis à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques
Berlin a "donc sollicité l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) dans l'analyse des preuves dans l'affaire Navalny", ajoute Steffen Seibert, précisant que la Convention sur les armes chimiques prévoyait notamment "pour tous les États signataires de recevoir une assistance technique de l'OIAC".
L'OIAC a ainsi "prélevé des échantillons de M. Navalny et a pris les mesures nécessaires pour les faire analyser par les laboratoires de référence de l'OIAC", précise le porte-parole du gouvernement allemand. "Nous renouvelons l'appel lancé à la Russie pour qu'elle apporte des éclaircissements à ce qu'il s'est passé", prévient-il également.
La police russe avait annoncé le 11 septembre vouloir interroger en Allemagne l'opposant victime d'un empoisonnement le 20 août lors d'un déplacement en Sibérie, selon ses partisans, des accusations jugées antirusses et infondées par Moscou.
La Russie a demandé à ce que Berlin remette l'ensemble de son dossier sur l'opposant russe, notamment les analyses d'un laboratoire militaire allemand ayant identifié une substance de type Novichok.
Les autorités russes affirment que leurs analyses, effectuées lors de l'hospitalisation de l'opposant à Omsk (Sibérie), avant son transfert vers l'Allemagne, n'avaient révélé aucune substance toxique dans l'organisme d'Alexeï Navalny, sorti du coma le 7 septembre.
Avec AFP