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La police a annoncé avoir procédé dimanche à l'arrestation de 400 personnes à Minsk lors de ce défilé baptisé "marche des héros" en référence aux victimes de la répression.

La colère ne retombe pas en Biélorussie. La police a annoncé, dimanche 13 septembre, avoir procédé à 400 arrestations lors de la manifestation hebdomadaire organisée par l'opposition à Minsk pour protester contre la réélection jugée frauduleuse du président Alexandre Loukachenko. Ces personnes "ont été arrêtées dans différents quartiers de la capitale [pour avoir] utilisé des drapeaux et autres symboles [de l'opposition et] des pancartes avec des messages offensants", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

L'ONG de défense des droits humains Viasna a aussi rapporté l'arrestation de plus de 200 personnes dans d'autres villes du pays.

Dans les rues de la capitale, des dizaines de milliers de partisans de l'opposition ont protesté, lors de ce défilé baptisé "marche des héros", en référence aux victimes de la répression. De nombreux manifestants se sont avancés vers le bâtiment de la présidence, malgré un déploiement policier important.

D'après l'agence de presse russe Interfax, des coups de feu ont été tirés en l'air pour les faire reculer. Le ministère de l'Intérieur a justifié ces tirs de sommation, en l'air, par un policier pour, selon lui, repousser un groupe de manifestants qui s'opposaient à l'arrestation d'autres protestataires.

Déjà samedi, un rassemblement pacifique de femmes a eu lieu dans le centre de Minsk. Certaines tapaient sur des casseroles avec des louches, d'autres scandaient "Ramenez notre Macha", faisant référence au diminutif de l'une des cheffes de l'opposition, Maria Kolesnikova. Cette femme de 38 ans a été emprisonnée cette semaine après avoir résisté à l'expulsion forcée en déchirant son passeport.

Un mouvement de contestation sans précédent

Des échauffourées ont éclaté sur la place centrale de la Liberté, quand des hommes masqués et cagoulés de noir ont tenté d'arrêter des manifestantes qui les ont repoussés, selon des images diffusées par la chaîne de télévision Belsat et le média indépendant Tut.By.

La réélection le 9 août à la présidence de cette ex-république soviétique d'Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, avec un score de 80 %, a donné lieu à un mouvement de contestation sans précédent en Biélorussie, pour dénoncer un scrutin frauduleux.

Toutes les figures de l'opposition biélorusse, souvent des femmes, dans cette contestation historique marquée par des manifestations record chaque dimanche à Minsk, sont aujourd'hui soit en exil, soit en prison.

Malgré l'ampleur de la contestation, M. Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, a exclu tout compromis significatif, n'évoquant qu'une vague réforme à venir de la Constitution. Il accuse les Occidentaux de soutenir la protestation, se tournant vers Moscou pour garder son emprise.

Depuis le début du mouvement, des milliers de personnes ont été arrêtées et les accusations de torture de prisonniers se sont multipliées. L'Union européenne et les États-Unis ont prévu de sanctionner les cadres du régime.

Contesté dans la rue depuis plus d'un mois, le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, sera en Russie lundi pour rencontrer son homologue, Vladimir Poutine ; le Kremlin affirmant que "l'intégration" des deux pays serait au programme des discussions.

Avec AFP