
Maria Kolesnikova, l'une des principales figures de l'opposition en Biélorussie, a été arrêtée lundi dans le centre de Minsk avec deux autres opposants. Mardi matin, les douanes biélorusses ont annoncé qu'elle était maintenue en détention, alors que les deux autres sont entrés en Ukraine.
Elle est l'une des principales figures de l'opposition en Biélorussie. Maria Kolesnikova a été enlevée lundi 7 septembre à Minsk, ainsi que deux autres opposants, Anton Rodnenkov et Ivan Kravtsov. Après des informations contradictoires toute la matinée, les douanes biélorusses ont annoncé mardi qu'elle se trouvait en détention alors que ses deux collègues du Conseil de coordination de l'opposition biélorusse sont entrés en Ukraine.
Selon le Conseil de coordination, Maria Kolesnikova a été "enlevée" par des hommes masqués et embarquée de force dans un véhicule lundi matin dans le centre de Minsk. Ses proches étaient sans nouvelles d'elle lundi soir.
Des informations contradictoires, dont certaines la disaient en Ukraine, ont circulé dans la matinée de mardi, mais les douaniers des deux pays ont finalement confirmé son arrestation. Côté ukrainien, ils ajoutent que deux autres opposants ont bien franchi la frontière.
"Kolesnikova est maintenant en détention. Je ne peux pas dire exactement où elle se trouve, mais elle a été arrêtée (...) en raison des circonstances dans lesquelles ils (le groupe) ont quitté le territoire biélorusse", a déclaré Anton Bitchkovski, au nom des douanes biélorusses.
Circonstances floues de son arrestation
"Une source qui a parlé l'agence de presse ukrainienne Interfax dit que Kolesnikova aurait déchiré son passeport à la frontière ukrainienne pour ne pas pouvoir entrer dans le pays. Elle aurait donc résisté à une tentative de déportation", explique Gulliver Cragg, correspondant de France 24 en Ukraine.
Selon Anton Gerachtchenko, vice-ministre ukrainien de l'Intérieur qui s'exprime sur Facebook, elle est parvenue à éviter "une expulsion forcée de son pays d'origine". "Maria Kolesnikova n'a pas pu être expulsée de Biélorussie car cette femme courageuse a pris des mesures pour s'y opposer. Elle est restée sur le territoire de la République de Biélorussie. Alexandre Loukachenko est personnellement responsable de sa vie et de sa santé", ajoute Anton Gerachtchenko.
Une version qui serait conforme à la position adoptée par Maria Kolesnikova depuis le début du mouvement de contestation : "Elle a toujours dit avec insistance qu'elle ne quitterait pas la Biélorussie", rappelle le correspondant de France 24. Maria Kolesnikova est en effet l'une des dernières figures de l'opposition à se trouver encore en Biélorussie.
Les autorités biélorusses, en revanche, racontent une autre histoire. Selon l'agence de presse officielle Belta, elle s'est rendue en voiture à la frontière avec les deux autres militants et le conducteur a accéléré lorsqu'un garde-frontière a tenté de s'interposer. "Anton Rodnenkov et Ivan Kravtsov l'auraient alors éjectée de leur voiture juste au moment de traverser la frontière", raconte Gulliver Cragg. "Ni les autorités ukrainiennes, ni un témoin sur place, ni les autres membres de l'opposition ne croient à cette version", ajoute-t-il.
Une affaire trouble
"On ne comprend pas ce qui s'est passé à cette frontière ou si toute cette histoire ne viendrait pas servir la propagande biélorusse", analyse le journaliste.
Une vidéo d'Ivan Kravtsov, secrétaire exécutif du Conseil de coordination biélorusse, a été diffusée sur les réseaux sociaux dans la nuit de lundi à mardi. Il y affirme qu'ils ont voulu quitter le pays avec Maria Kolesnikova. "Mais cette vidéo a été enregistrée on ne sait pas où, dans des circonstances inconnues. On dirait beaucoup ces vidéos que les personnes détenues sont obligées d'enregistrer", ajoute Gulliver Cragg.
Mardi, Anton Gerashchenko a indiqué que Anton Rodnenkov et Ivan Kravtsov ne sont pas entrés en Ukraine de leur propre volonté.
Berlin et Londres très préoccupés
Plusieurs puissances européennes ont réagi lundi à la situation, comme Berlin qui "exige de savoir où [Maria Kolesnikova] est", Londres qui se dit "très préoccupé", ou encore l'UE qui réclame la libération des opposants politiques.
Ces événements interviennent alors que la Biélorussie est marquée depuis presque un mois par un mouvement de protestation historique contre le chef de l'État, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans et qui clame avoir remporté l'élection présidentielle du 9 août avec 80 % des voix.
Dimanche encore, des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de Minsk pour réclamer son départ, près d'un mois après sa réélection contestée. Mais la répression policière se fait de plus en plus forte. Lundi, la police biélorusse a fait état de 633 arrestations.
Avec AFP et Reuters