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Procès en appel de Khaled Drareni : forte mobilisation de la presse internationale

Devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse, le journaliste indépendant algérien Khaled Drareni, condamné à trois ans de prison ferme, est rejugé mardi en appel, à Alger. Il bénéficie d'une très forte mobilisation en faveur de sa libération.

Khaled Drareni est rejugé en appel mardi 8 septembre. Condamné à trois ans de prison et emprisonné depuis la fin mars, le journaliste indépendant algérien de 40 ans doit comparaître en milieu de matinée en "visioconférence" depuis le centre pénitentiaire de Koléa, près d'Alger, où il est incarcéré. La date du verdict n'est pas connue.

"J'ai vu Khaled Drareni il y a deux jours, il a le moral, il est confiant. Si la cour d'Alger applique la loi, elle ne peut que prononcer sa relaxe", a déclaré lundi l'un de ses avocats, Mustapha Bouchachi, qui demande sa libération pure et simple. 

Forte mobilisation de soutien 

Depuis sa condamnation, les manifestations de solidarité et les appels à libérer Khaled Drareni se sont multipliés au-delà des frontières de l'Algérie. Une pétition citoyenne demandant sa libération a déjà obtenu plus de 3 000 signatures en Algérie et à l'étranger. 

Lundi, journalistes et militants des droits humains se sont rassemblés à Paris, Alger et Tunis en scandant "Libérez Khaled !". 

Quelques images du rassemblement de soutien et de solidarité avec le journaliste prisonnier @khaleddrareni #Alger #Algerie pic.twitter.com/pruqSWNUQb

— INTERLIGNES (@inter_lignes) September 7, 2020

"Je demande aux autorités algériennes la libération immédiate et sans condition de mon collègue Khaled Drareni", a déclaré le journaliste français Edwy Plenel, président de Mediapart, dans une vidéo diffusée par Amnesty International. 

Khaled Drareni est un journaliste incarcéré en Algérie simplement pour avoir fait son travail.

Pour sa libération, des journalistes du monde entier ont répondu présent ! pic.twitter.com/8PsEfhv9rV

— Amnesty France (@amnestyfrance) September 7, 2020

"Le pouvoir algérien a voulu faire un exemple pour intimider tous les journalistes en Algérie", a commenté le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. "Et il en a fait un symbole de défense de la liberté de la presse", a-t-il observé. 

Christophe Deloire a participé lundi à une manifestation, devant l'ambassade d'Algérie à Paris, qui a réuni plusieurs journalistes français, dont Laurent Delahousse, Harry Roselmack, Guy Lagache ou Bernard de la Villardière. 

✏️Mobilisation ce matin devant l’ambassade d’#Algérie à Paris pour le journaliste Khaled Drareni, correspondant de @TV5MONDEINFO #RSF @cdeloire @RSF_inter condamné à 3 ans de prison pour avoir couvert les manifestations du #Hirak #libertedelapresse #WeAreKhaled pic.twitter.com/YD75UrGo9U

— Laurent Delahousse (@LaurentDelahous) September 7, 2020

La cause de Khaled Drareni est remontée jusqu'à l'ONU, l'Union européenne et l'Union africaine (UA) qui ont exprimé leur "préoccupation".

Directeur du site d'information Casbah Tribune et correspondant en Algérie pour la chaîne francophone TV5 Monde et pour Reporters sans frontières (RSF), Khlaed Drareni a été condamné le 10 août à trois ans d'emprisonnement et à une amende de 50 000 dinars (330 euros) pour "incitation à attroupement non armé" et "atteinte à l'unité nationale". Un verdict d'une sévérité sans précédent à l'encontre d'un journaliste. 

Le "droit d'informer"

Il avait été arrêté à Alger le 7 mars alors qu'il couvrait une manifestation du "Hirak", le soulèvement populaire qui a secoué l'Algérie pendant plus d'un an jusqu'à sa suspension il y a quelques mois en raison de la pandémie de coronavirus.

Il est aussi accusé d'avoir critiqué sur Facebook le système politique et publié le communiqué d'une coalition de partis politiques en faveur d'une grève générale, selon RSF. Lors de son procès, Khaled Drareni a rejeté ces accusations. Il a assuré n'avoir fait que son "travail en tant que journaliste indépendant", et exercé "son droit d'informer".

Son procès en appel se déroule dans un climat de tensions à l'encontre des médias indépendants, des militants du "Hirak" et des opposants politiques. Ces derniers mois, des journalistes ont été accusés par le régime de semer la discorde et la "subversion", de menacer l'intérêt national et surtout d'être à la solde de "parties étrangères".

Le collectif des avocats de Khaled Drareni a dénoncé, dans un communiqué, "les sorties médiatiques répétées du pouvoir exécutif" qui "portent atteinte à la présomption d'innocence et à la séparation des pouvoirs", et il a fustigé "la pression sur les juges qui sont mis sous influence".

Plusieurs journalistes algériens sont en prison et d'autres procès sont en cours. L'Algérie figure à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020 établi par RSF. Elle a perdu 27 places en cinq ans.

Avec AFP