La police a procédé mercredi à une centaine d'arrestations à Sofia après des heurts avec des manifestants anticorruption réclamant la démission du Premier ministre bulgare, qui souhaite modifier la Constitution. Il s'agit de l'une des plus importantes manifestations depuis le début du mouvement de contestation, début juillet.
À Sofia, des milliers de personnes se sont rassemblées mercredi 2 septembre devant le Parlement bulgare pour protester contre l'action gouvernementale et demander la démission du Premier ministre, Boïko Borissov, auquel ils reprochent sa volonté de réviser la Constitution et son échec dans la lutte contre la corruption.
Les tensions se sont exacerbées en fin de soirée et des échauffourées ont eu lieu entre quelques manifestants et les forces de l'ordre. Face aux jets de pétards et cocktails Molotov, la police a fait usage de canons à eau et déployé un périmètre de sécurité devant le Parlement. La police a interpellé 95 personnes.
Les organisateurs, qui avaient appelé à un rassemblement pacifique, ont déclaré que des éléments perturbateurs ont attaqué la police. Cinquante-cinq personnes dont 37 policiers, des manifestants et des journalistes ont été conduits à l'hôpital en fin de soirée, la plupart ayant été intoxiqués, selon les autorités sanitaires et la police.
Des manifestations quotidiennes
Il s'agissait de la première journée marquée de violences depuis le début en juillet des manifestations quotidiennes contre la corruption. Des protestataires, toutes tendances confondues, réclament la démission du gouvernement et du procureur général Ivan Guechev auxquels ils reprochent "d'être liés à l'oligarchie".
Le Premier ministre, Boïko Borissov, au pouvoir depuis 2009, refuse de démissionner. Son parti, Gerb, a obtenu mercredi le feu vert du Parlement pour l'ouverture de débats prévus pour durer entre deux et cinq mois sur la nécessité d'élaborer une nouvelle Constitution.
Selon les observateurs, la proposition vise à maintenir les conservateurs et leurs alliés nationalistes au pouvoir jusqu'à la fin de leur mandat en mars 2021. Le parti de la minorité turque MDL et l'opposition socialiste n'en veulent pas, la gauche y voyant une volonté de limiter les pouvoirs du président de la République, proche de ses positions.
S'exprimant au Parlement, le président Rumen Radev a appelé à la démission du gouvernement de centre droit de Boïko Borissov et demandé aux députés de rejeter le projet de révision de la Constitution. "Ce n'est pas l'absence de nouvelle Constitution qui a poussé les gens dans la rue, mais le manque de moralité des dirigeants (...) et la corruption", a-t-il dit.
Avec AFP et Reuters