logo

Biélorussie : nouvelles manifestations, le Kremlin "confiant" dans la résolution de la crise

Des appels à des rassemblements pacifiques d'ampleur ont été lancés, samedi, en Biélorussie, dans le sillage d'une mobilisation croissante contre le président Loukachenko. Dénonçant une agression, ce dernier s'est entretenu avec son homologue russe Vladimir Poutine.

La mobilisation contre la réélection du président Alexandre Loukachenko prend de plus en plus d'ampleur en Biélorussie. Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées, samedi 15 août, à la suite des appels à de grands rassemblements pacifiques lancés pour le weekend du 15 août et ce, malgré une répression brutale par les forces de l'ordre.

L'appel vient de la principale candidate de l'opposition à l'élection présidentielle, Svetlana Tikhanovskaïa, réfugiée depuis quatre jours en Lituanie. À Minsk, la capitale biélorusse, des contestataires ont également appelé à se réunir, samedi, en marge des funérailles d'un manifestant.

Ils étaient des milliers autour de la station de métro Pouchkinskaïa, à l'ouest du centre de Minsk, pour rendre hommage à un manifestant ayant trouvé la mort à proximité, lors d'une manifestation lundi dernier. La police affirme que le manifestant a été tué par l'explosion d'un projectile qu'il s'apprêtait à lancer, mais des médias d'opposition soutiennent qu'il aurait pu être atteint par un tir des forces de l'ordre.

Au moins 3 000 personnes étaient également rassemblées samedi soir devant la siège de la télévision publique, à Minsk, pour réclamer "la vérité" et protester contre la réélection du président Alexandre Loukachenko.

L'opposante Maria Kolesnikova, alliée de Svetlana Tikhanovskaïa, s'est notamment rendu sur place. "Ce n'est pas difficile de dire la vérité. Ceux qui travaillent à la télévision : dites la vérité !", a lancé Maria. Kolesnikova.

Depuis dimanche, des dizaines de milliers de manifestants contestent la réélection d'Alexandre Loukachenko, dénonçant des fraudes massives et la violente répression du pouvoir. Il s'agit du plus grand mouvement de protestation depuis son arrivée au pouvoir en 1994.

Chaînes humaines contre la violence et les fraudes

En réaction à ces violences, l'Union européenne a donné son accord, vendredi, à des sanctions contre des responsables biélorusses liés à la répression ou à des fraudes électorales. Des sanctions qui interviennent alors que la mobilisation s'est étendue avec des chaînes humaines contre la violence et les fraudes, tandis que des ouvriers d'usines emblématiques ont, eux, lancé des actions de solidarité et des débrayages.

Vendredi soir, des milliers de personnes se sont rassemblées devant le siège du gouvernement, déposant des fleurs au pied des jeunes conscrits déployés sur place. D'autres rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes.

Contrairement aux manifestations du début de semaine, violemment réprimées, les actions de jeudi et vendredi se sont déroulées sans heurts. Les autorités ont par ailleurs annoncé la libération de plus de 2 000 des 6 700 personnes arrêtées lors des manifestations. 

Les "problèmes" bientôt résolus, selon le Kremlin

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko s'est entretenu, samedi, avec son homologue russe Vladimir Poutine. "Une agression est en train d'être menée contre la Biélorussie [...] Et ce n'est pas une menace uniquement contre la Biélorussie", avait-il affirmé avant leur rencontre.

"Les deux parties ont exprimé leur confiance dans une résolution prochaine des problèmes en cours" en Biélorussie, a indiqué dans un communiqué la présidence russe, après un entretien téléphonique entre Vladimir Poutine et Alexandre Loukachenko.

"Les forces destructrices ne doivent pas porter atteinte à la coopération entre la Biélorussie et la Russie", a commenté la présidence russe, qui craint de voir se reproduire chez son allié le même scénario qu'en Ukraine en 2014.

Après cet entretien, Alexandre Loukachenko a indiqué samedi que son homologue russe Vladimir Poutine lui avait assuré une "aide" pour préserver la sécurité de la Biélorussie. "Nous nous sommes entendus avec lui (Vladimir Poutine): dès notre première demande, une aide complète sera fournie (par la Russie) pour assurer la sécurité du Bélarus", a affirmé Alexandre Loukachenko, cité par l'agence publique Belta, après que les deux dirigeants se soient entretenus par téléphone.

Une possible médiation étrangère écartée

Le président biélorusse a par ailleurs rejeté samedi la possibilité d'une médiation étrangère, proposée notamment par la Pologne et deux pays baltes. "Nous n'avons besoin d'aucun gouvernement étranger, d'aucun médiateur", a affirmé Alexandre Loukachenko lors d'une réunion gouvernementale, cité par l'agence étatique Belta. Mercredi, la Lettonie, la Lituanie et la Pologne avaient en effet proposé un plan de médiation prévoyant la création d'un "conseil national" pour régler la crise politique en cours.

De leur côté, les États-Unis et la Pologne ont appelé, samedi, Alexandre Loukachenko à engager un dialogue avec la société civile, alors que l'homme fort du pays fait face à une contestation croissante contre sa réélection. "L'objectif commun est d'aider le peuple biélorusse à atteindre sa propre souveraineté, sa propre liberté", a déclaré le secrétaire d'État américain Mike Pompeo, en visite à Varsovie.

"Nous exhortons les dirigeants de la Biélorussie à [...] engager un dialogue avec la société civile", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue polonais Jacek Czaputowicz. "Nous appelons les autorités biélorusses à commencer à respecter les droits humains fondamentaux et à engager un dialogue avec la société", afin de trouver "une formule de survie commune pendant la période de transition, peut-être jusqu'aux élections", a déclaré pour sa part le ministre polonais, rappelant la proposition de Varsovie d'organiser de nouvelles élections en Biélorussie.

Avec AFP