Un journaliste allemand couvrant l'élection présidentielle biélorusse pour la Deutsche Welle a été arrêté par la police, mercredi, selon le site du média.
Le journaliste indépendant allemand Alexander Burakov, qui travaille notamment pour le groupe public d'information Deutsche Welle, a été interpellé par la police biélorusse, mercredi 5 août, dans la ville de Mogilyov, située à 200 kilomètres de la capitale, Minsk, rapporte, vendredi 7 août, le site du média allemand.
Le reporter qui couvrait l'élection présidentielle biélorusse est officiellement soupçonné par la police de "transporter de l'alcool de contrebande", a indiqué l'intéressé auprès de l'organisation de défense des droits de l'Homme biélorusse Viasna. Alexander Burakov a été conduit dans la soirée au poste de police et ce, malgré le fait que celle-ci n'ait rien trouvé en inspectant sa voiture. Selon Deutsche Welle, les policiers ont estimé que le véhicule du reporter avait été volé et que son numéro d'immatriculation avait pu être falsifié.
"Un effort pour étouffer les voix indépendantes"
Quelques heures plus tard, le journaliste a été libéré, avant de se voir à nouveau interpellé… À quelques pas du poste de police. Boris Vyrvich, le chef de la section locale de l'Association biélorusse des journalistes de Mogilyov, a déclaré à la chaîne allemande que, selon des témoins, Alexander Burakov s'était disputé avec une femme non identifiée devant le poste de police et aurait crié : "C'est une provocation", avant d'être à nouveau interpellé.
Selon le groupe de média allemand, qui l'a annoncé dans un article publié vendredi après-midi, son journaliste est condamné à dix jours de prison, alors que l'élection présidentielle a lieu dimanche.
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— DW Deutsche Welle (@DeutscheWelle) August 7, 2020Deutsche Welle a condamné l'arrestation du journaliste et appelé les autorités à garantir la liberté de la presse en Biélorussie. "Les efforts d'intimidation contre notre correspondant illustrent parfaitement la situation difficile des journalistes en Biélorussie", a déclaré Manuela Kasper-Claridge, rédactrice en chef du groupe, dans un communiqué publié jeudi.
"Quatre jours avant les élections présidentielles en Biélorussie, les autorités du pays ont accru la pression sur les journalistes dans ce qui est largement considéré comme un effort pour étouffer les voix indépendantes", peut-on encore lire dans le communiqué. "Ceci n'est pas acceptable et doit être condamné dans les termes les plus forts. J'appelle les responsables du Bélarus à laisser les journalistes faire leur travail sans entrave", a ajouté la rédactrice en chef.
Dans une lettre à l'ambassadeur de Biélorussie à Berlin, le directeur général du groupe allemand a quant à lui fait part de son "inquiétude" à la suite de l'arrestation du journaliste. "Je tiens à protester avec la plus grande virulence, au nom de la Deutsche Welle, contre cette mesure clairement arbitraire. Elle bafoue de manière éclatante la liberté de la presse reconnue au niveau internationale", écrit-il, demandant au gouvernement biélorusse "d'examiner cette affaire au plus vite".
Au classement mondial de la liberté de la presse, publié par l'ONG Reporters sans frontières, la Biélorussie occupe la 153e place, sur 180.
Inquiet des actions menées par les autorités
Alexander Burakov avait déjà été arrêté le 8 mai 2020 et condamné à dix jours de détention provisoire. Le média public allemand a tenté de contacter le reporter à plusieurs reprises, sans succès.
Cette arrestation n'était pas une surprise pour le journaliste. Quelques jours avant son interpellation, le journaliste avait déclaré à Deutsche Welle qu'il s'inquiétait des actions menées par les autorités pour entraver le travail des journalistes indépendants, notamment au sujet de la couverture de l'élection présidentielle biélorusse.