Les députés doivent voter, ce mercredi, sur la réorganisation de la télévision publique française, qui prévoit notamment la suppression partielle de la publicité sur les chaînes du groupe France Télévisions dès le 5 janvier prochain.
AFP - La fin de la publicité après 20H00 sur les chaînes de France Télévisions a été scellée mardi, lors d'un vote du conseil d'administration du groupe public, première étape d'un grand bouleversement du paysage audiovisuel français.
Quarante ans après son arrivée sur l'ORTF, la publicité sera donc supprimée à partir du 5 janvier entre 20h00 et 6h sur les chaînes de France Télévisions, sauf RFO. Le conseil d'administration du groupe public a adopté cette résolution par 9 voix pour, 2 contre et une abstention.
Face à la guérilla de l'opposition qui a déposé des centaines d'amendements au projet de loi réformant l'audiovisuel, le gouvernement a demandé à Patrick de Carolis, président de France Télévisions, de décider lui-même de l'arrêt de la pub.
Déjà adoptée par l'Assemblée nationale, cette mesure ne sera en effet débattue qu'à partir du 7 janvier par le Sénat. La suppression définitive de la publicité est prévue fin 2011, au moment de l'extinction de l'analogique.
Le texte prévoit également la transformation de France Télévisions en société unique, l'accroissement de la publicité sur les chaînes privées -avec notamment une deuxième coupure pendant les films- et de nouvelles relations entre producteurs et diffuseurs.
Le président de France Télévisions, qui a choisi de soumettre la décision sur la fin de la pub au vote des administrateurs, a expliqué devant ces derniers qu'il entendait "prendre et assumer ses responsabilités au nom de l'intérêt supérieur du groupe qu'il dirige et de ses collaborateurs", selon un communiqué.
M. de Carolis a ajouté que "cette décision et les conditions d'urgence dans lesquelles elle avait été amenée devant le Conseil pouvait susciter chez certains le doute ou la préoccupation, mais qu'elle était indispensable au bon fonctionnement de l'entreprise".
Les 450 millions d'euros pour compenser le manque à gagner publicitaire sont déjà garantis par l'Etat car inscrits dans le budget 2009.
Dès l'annonce officielle, les syndicats sont montés au créneau. Pour la CGT de France Télévisions, "cette décision marque le début de l'ère sarkozienne de l'+ORTS+ (Office de Radio Télévision Sarkozienne) avec mise au pas des dirigeants priés de se faire hara-kiri".
Même propos au SNJ où l'on juge qu'"en acceptant de décréter la suppression de la publicité, Carolis valide de fait la main mise de l'Etat sur l'audiovisuel et sur France Télévisions en particulier".
A l'Assemblée, les députés PS et Verts ont brandi dans l'hémicycle des pancartes portant le logo de l'ex-ORTF détourné en ORTS. "Nous avons fait le choix de l'ambition" contre celui de "l'obstruction", leur a répondu la ministre de la Culture, Christine Albanel.
Consolation pour Patrick de Carolis, le conseil d'administration (CA) a voté à l'unanimité une résolution lui exprimant sa "satisfaction pour le travail accompli depuis un an et un entier soutien pour la mise en oeuvre de la réforme".
Le CA a également adopté un budget de France Télévisions en déficit de 94,6 millions d'euros en 2009 "hors coût de transition au passage à l'entreprise commune", évalué à environ 40 millions d'euros, soit près de 135 millions d'euros au total, après un déficit de 116 millions en 2008.
Pour compenser le manque à gagner dû à la suppression de la pub, deux taxes, une sur les fournisseurs d'accès internet, l'autre sur le chiffre d'affaires publicitaire des chaînes privées, ont été votées à l'Assemblée.
Gouvernement et majorité espèrent désormais que le vote solennel sur ce texte, déjà retardé à deux reprises, puisse avoir lieu mercredi après-midi.