De nouvelles investigations vont être ouvertes dans l'enquête sur la mort d'Adama Traoré, mort en juillet 2016, après son interpellation policière. Les juges d'instruction veulent sonder le passé du jeune homme, ainsi que celui des gendarmes qui l'ont interpellé et leurs éventuels liens.
Quasiment quatre ans, jour pour jour, après la mort d'Adama Traoré, l'affaire est toujours loin d'être classée. Des juges d'instruction relancent l'enquête en ordonnant de nouvelles investigations, dont certaines sur le passé du jeune homme, décédé le 19 juillet 2016 à la suite d'une interpellation policière à Beaumont-sur-Oise, en banlieue parisienne, mais également sur le passé de ceux qui l'ont interpellé, ainsi que leurs éventuels liens.
La procédure, demandée par l'avocat de la famille Traoré, Me Yassine Bouzrou, vise à établir s'il y a avait un contentieux entre la victime et les policiers qui l'ont interpellé. Tous les antécédents judiciaires ou procédures dans lesquelles Adama Traoré a été impliqué seront donc joints au dossier. Ainsi que la liste des policiers qui l'avaient interpellé. Les dossiers administratifs, ainsi que les antécédents judiciaires des trois gendarmes qui l'ont interpellé le jour de sa mort seront également ajoutés au dossier.
Pas de reconstitution des faits
Les juges d'instruction ont en revanche refusé pour l'instant la reconstitution des faits demandée de manière répétée par Me Bouzrou, expliquant qu'ils se prononceraient sur le sujet après le retour de la nouvelle expertise médicale confiée à quatre médecins belges et attendue pour janvier 2021.
Ils ont également refusé le désaisissement de l'enquête de l'Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) au profit de la Brigade criminelle, comme demandé par Me Bouzrou : l'IGGN se voit confier l'ensemble des nouvelles investigations, parmi lesquelles le travail d'identification de nouveaux témoins qui auraient pu assister à la première arrestation du jeune homme noir de 24 ans.
"La pression populaire a marché"
"Cela fait quatre ans qu'on attend justice et tous les éléments sont prêts pour un procès", a réagi Assa Traoré, la sœur d'Adama, vendredi matin sur BFMTV. "La pression populaire a marché. Quand on sort dans la rue le 2 et le 15 juin, et que tout de suite : les témoins sont entendus et que plus de quinze nouvelles investigations sont lancées, on peut se satisfaire de cela", a-t-elle ajouté. Le comité "La Vérité Pour Adama" appelle d'ailleurs à une nouvelle marche, le samedi 18 juillet, à Beaumont-sur-Oise, pour commémorer les quatre ans du décès d'Adama.
La Marche ADAMA le 18 juillet à Beaumont-sur-Oise!
4 ans après la mort d'Adama Traoré, nous vous attendons nombreux avec la famille Traoré.#JusticePourAdama #GenerationAdama pic.twitter.com/elGFbhSrv1
Assa Traoré, devenue une figure iconique de dénonciation des violences policières en France, dénonce néanmoins "un déni de justice". Ces nouvelles investigations étaient en effet demandé depuis plusieurs années par la défense. Me Bouzrou s'interroge lui aussi sur l'agenda des juges d'instruction qui ont débloqué le dossier après plusieurs manifestations massives en France pour dénoncer les violences policières.
"Nous constatons qu'après quatre années d'inertie […], les juges ont, depuis le rassemblement devant le Palais de justice du 2 juin 2020, ordonné des actes d'investigation et une expertise médicale confiée à des médecins étrangers", a relevé Me Bouzrou dans un communiqué. L'avocat demande la "récusation" des magistrats instructeurs.
Avec AFP