Le gouvernement de Hong Kong a ordonné, lundi, aux écoles de retirer les livres qui pourraient violer la loi sur la sécurité nationale, imposée la semaine dernière par Pékin.
À Hong Kong, les conséquences de la loi sur la sécurité nationale commencent à se faire sentir. Le gouvernement local a ordonné, lundi 6 juillet, aux écoles de retirer les livres qui pourraient violer cette loi imposée par Pékin.
Les directeurs d'école et les enseignants "doivent examiner le matériel pédagogique, y compris les livres" et les "retirer s'ils y trouvent des contenus périmés ou pouvant s'apparenter aux quatre types d'infractions" définies par la loi, a annoncé le département de l'Éducation du gouvernement pro-Pékin.
Cette directive aux écoles a été annoncée deux jours après que les bibliothèques ont indiqué retirer de leurs rayonnages les ouvrages susceptibles de violer cette loi sur la sécurité nationale. Parmi les auteurs dont les titres ne sont plus disponibles figurent Joshua Wong, l'un des militants les plus célèbres, et Tanya Chan, une députée pro-démocratie renommée.
Un acte "orwellien" de "censure"
"Alors que l'encre est encore fraîche sur la répressive loi nationale sur la sécurité, les autorités locales - dans un acte orwellien - ont désormais établi un Bureau de sécurité nationale, commencé à enlever les livres critiques du PCC (Parti communiste chinois, NDLR) des étagères des bibliothèques, à bannir les slogans politiques, et demandent maintenant aux écoles d'imposer la censure", a déclaré le secrétaire d'État américain Mike Pompeo dans un communiqué publié lundi soir.
"La destruction par le Parti communiste chinois d'un Hong Kong libre continue", a-t-il poursuivi, condamnant ce qu'il a qualifié de "dernières attaques contre les droits et les libertés du peuple de Hong Kong".
Une loi de sécurité controversée
Le régime chinois a imposé le 1er juillet à l'ex-colonie britannique un texte très controversé qui fait craindre à l'opposition un recul inédit des libertés depuis la rétrocession de 1997 par le Royaume-Uni de ce territoire, qui dispose d'un statut d'autonomie.
Les autorités de Pékin, qui entendent ainsi restaurer la stabilité après plusieurs mois de manifestations l'an passé, affirment cependant que cette loi ne concernera qu'"une petite minorité" de personnes. Cette loi vise à réprimer la subversion, la sécession, le terrorisme et la collusion avec les forces étrangères.
"Le gouvernement de Hong Kong va appliquer vigoureusement cette loi", a affirmé mardi la cheffe de l'exécutif hongkongais Carrie Lam, qui a mis en garde les militants "radicaux" contre tout "franchissement de la ligne rouge car les conséquences d'une violation de cette loi sont très graves". Ce texte "n'est pas aussi sombre qu'il y paraît pour Hong Kong", a déclaré Carrie Lam, estimant notamment "qu'avec le temps (...) la confiance sera plus grande" pour l'avenir du territoire.
Un climat de crainte s'est déjà abattu sur la ville, la police arrêtant des personnes en possession de symboles de l'indépendance ou d'une plus grande autonomie du territoire, alors que des commerçants ont retiré leurs affiches de soutien au mouvement.
"La terreur blanche continue de se propager, la loi sur la sécurité nationale est, par nature, un outil destiné à mettre en cause (la liberté) de parole", a écrit samedi sur Facebook Joshua Wong, figure de proue du mouvement, en utilisant une expression faisant référence à la persécution politique.
De leur côté, Facebook, Google et Twitter ont confirmé, lundi, qu'ils ne répondaient plus aux demandes d'information sur leurs utilisateurs émanant du gouvernement et des autorités de Hong Kong, par respect pour la liberté d'expression.
Avec AFP