La Cisjordanie va être bouclée pendant cinq jours en raison d'une hausse du nombre de cas de personnes contaminées au Covid-19, a annoncé mercredi le gouvernement palestinien. Des manifestations ont, par ailleurs, eu lieu dans plusieurs villes palestiniennes contre le plan américain pour le Proche-Orient, qui prévoit l'annexion par Israël territoires en Cisjordanie occupée.
"À compter de vendredi matin, tous les gouvernorats de Cisjordanie, les villes et les villages seront fermés pour une période de cinq jours", a annoncé mercredi 1er juillet le porte-parole du gouvernement palestinien Ibrahim Melhem. Lors de cette conférence de presse, il a précisé que les pharmacies, boulangeries et supermarchés resteraient ouverts.
Le nombre de cas de Covid-19 a plus que doublé en une semaine en Cisjordanie pour passer à un total de 2 636 mercredi, contre 1 256 une semaine auparavant.
Les autorités avaient déjà ordonné la semaine dernière le bouclage temporaire des villes de Naplouse (Nord), Hébron et Bethléem (Sud) pour lutter contre la propagation du virus. Début juin, elles avaient renouvelé l'état d'urgence sanitaire pour 30 jours peu après avoir levé le confinement de deux mois imposé en Cisjordanie, mis en place après l'apparition des premiers cas le 5 mars.
La ministre de la Santé, Mai al-Kaila, avait indiqué que la recrudescence du nombre de cas était en partie due aux déplacements entre la Cisjordanie et Israël, qui a également enregistré une hausse du nombre de cas après avoir relativement bien maîtrisé la pandémie.
Des dizaines de milliers de Palestiniens de Cisjordanie travaillent en Israël et le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, avait exhorté les Palestiniens vivant en Israël à s'abstenir de se rendre en Cisjordanie et les Palestiniens travaillant en Israël à ne pas se déplacer pendant 14 jours.
Côté israélien, le nombre de cas de contamination a bondi d'environ 15 % au cours de la dernière semaine pour dépasser les 25 500 mercredi, selon les données officielles du gouvernement.
"Palestinian lives matter"
Des milliers de Palestiniens ont par ailleurs manifesté, mercredi, dans la ville de Gaza contre le plan américain pour le Proche-Orient, qui prévoit l'annexion par Israël de territoires en Cisjordanie occupée.
Le gouvernement israélien doit en principe se prononcer à partir de mercredi sur la mise en œuvre du plan, qui prévoit aussi la création d'un État palestinien démilitarisé sur un territoire morcelé et sans Jérusalem-Est pour capitale.
À Gaza, enclave palestinienne située à une cinquantaine de kilomètres de la Cisjordanie occupée, des milliers de personnes ont scandé des slogans contre le projet américain lors d'un rassemblement auquel a participé Yahya Sinouar, l'un des responsables du mouvement Hamas au pouvoir dans ce territoire.
Les manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Non à l'annexion" et "Palestinian lives matter" ("La vie des Palestiniens compte"), en référence au mouvement antiraciste "Black lives matter" parti des États-Unis.
Mercredi matin, le Hamas a lancé une vingtaine de roquettes d'essai vers la mer Méditerranée, en guise d'avertissement, ont indiqué à l'AFP des sources au sein du mouvement islamiste, impliqué dans trois guerres avec Israël depuis 2008.
L'État hébreu impose depuis plus de 10 ans un strict blocus sur la bande de Gaza, pour, dit-il, contenir le mouvement armé.
Un projet qui fait voler en éclats la solution "à deux États"
Une manifestation contre le projet d'annexion a également eu lieu à Jéricho, plus grande ville palestinienne dans la vallée du Jourdain, où d'anciens députés et ministres israéliens se sont joints à des dizaines de Palestiniens.
"Nous voulons affirmer notre soutien à la paix", a déclaré l'ancien ministre travailliste de l'Intérieur Ophir Pines-Paz. "Netanyahu et son projet d'annexion doivent être arrêtés".
Une autre manifestation est prévue en fin de journée à Ramallah, siège de l'Autorité palestinienne.
Les Palestiniens tentent d'obtenir des appuis contre le projet israélien qui fait voler en éclats, selon eux, la solution "à deux États", une Palestine viable aux côtés d'Israël. Ils se disent prêts à relancer des négociations directes avec les Israéliens mais pas sur les bases du plan Trump.
"Nous n'allons pas nous asseoir à une table de négociations où sont proposés l'annexion ou le plan Trump car il ne s'agit pas là d'un plan de paix, mais d'un projet pour légitimer l'occupation", a déclaré le négociateur des Palestiniens Saëb Erakat.
Avec AFP