
Malgré les appels réitérés de la France en faveur de la libération de Fariba Adelkhah, la justice iranienne a confirmé en appel, mardi, la condamnation à cinq ans de prison de la chercheuse franco-iranienne. Incarcérée depuis plus d'un an à Téhéran, elle est accusée de collusion pour atteinte à la sécurité nationale et de propagande contre la République islamique.
La sentence a été confirmée en appel. La justice iranienne a confirmé, mardi 30 juin, la condamnation à cinq ans de prison de Fariba Adelkhah, chercheuse franco-iranienne au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po.
Fariba Adelkhah "a fait appel de sa condamnation initiale" et la cour d'appel a confirmé la peine de cinq ans qu'elle devra purger en comptant la période de détention depuis son arrestation en juin 2019, a indiqué le porte-parole de l'Autorité judiciaire Gholamhossein Esmaïli, cité par l'agence de presse Isna.
La chercheuse avait été condamnée en première instance le 16 mai dernier par un tribunal iranien pour "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale". Elle a aussi été condamnée à un an pour "propagande contre le système [politique de la République islamique]", mais elle doit purger seulement la peine la plus longue, avait précisé en mai son avocat, Saïd Dehghan. Des charges initiales pour espionnage ont été abandonnées.
Anthropologue réputée, Fariba Adelkhah, qui est âgée de 60 ans, a été arrêtée le 5 juin 2019 avec un autre chercheur français, son compagnon Roland Marchal, qui a lui été libéré en mars 2020. Incarcérée depuis dans la prison d'Evin, à Téhéran, cette spécialiste du chiisme, née en Iran en 1959 et vivant en France depuis 1977, a toujours clamé son innocence et mené une grève de la faim de 49 jours de décembre à février 2019.
Nombreux appels de la France pour sa libération
L'Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité de Fariba Adelkhah, a rejeté les nombreux appels de la France en faveur de sa libération. Le président Emmanuel Macron a appelé à plusieurs reprises à sa "libération immédiate".
Le 5 juin, date anniversaire de son incarcération, c'est le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian qui a à nouveau réclamé sa libération. "Aujourd'hui, je réitère formellement l'exigence de la France d'une libération immédiate par l'Iran de Mme Adelkhah", demandait-il. Et d'ajouter que "la poursuite de cette situation ne peut qu'avoir un impact négatif sur la relation bilatérale entre la France et l'Iran, et réduit substantiellement la confiance entre nos deux pays".
De son côté, le comité de soutien de Fariba Adelkhah, à Paris, avait dénoncé, en mai, une procédure judiciaire ressemblant au "'Procès', de Kafka". Il a également appelé à "suspendre toutes les coopérations scientifiques institutionnelles avec l'Iran". "Comment continuer à travailler avec un État qui nie l'essence même de notre métier et qui, plus largement, viole les fondements les plus élémentaires de la liberté d'expression et de penser ?"
"La France a peu de possibilités de pouvoir interférer sur ce verdict"
L'arrestation de Fariba Adelkhah "est intervenue dans une période de tensions entre les Gardiens de la Révolution et le gouvernement Rohani", avait analysé Mariam Pirzadeh sur France 24. Des tensions internes doublées de tensions extérieures, "alors que l'économie iranienne est étranglée par les sanctions américaines, et que l'Europe n'arrive pas à couvrir ces sanctions".
La République islamique pourrait avoir besoin d'éléments de pression sur l'Europe, stratégie qu'elle poursuit depuis les années 1980, rappelle la journaliste. Parce que les autorités ne reconnaissent pas la nationalité française de Fariba Adelkhah, "la France a peu de possibilités de pouvoir interférer sur ce verdict", abonde Mariam Pirzadeh.
L'anthropologue franco-iranienne aurait, par ailleurs, repoussé les propositions faites par ses geôliers d'obtenir sa liberté conditionnelle. Une liberté suspendue à la condition qu'elle cesse ses recherches sur le chiisme en Iran, et au prix d'une expulsion vers la France, sans retour possible en Iran.
Avec AFP