
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a promis mardi une "révolution par les infrastructures" inspirée du "New Deal" américain pour relancer une économie frappée de plein fouet par la pandémie de Covid-19.
"Construire, construire, construire". Le Premier ministre britannique Boris Johnson a promis mardi 30 juin une "révolution par les infrastructures" inspirée du "New Deal" américain pour relancer une économie frappée de plein fouet par la pandémie de coronavirus, qui a contraint à un premier reconfinement local.
Malgré sa décision de fermer les commerces non essentiels et écoles à Leicester, dans le centre de l'Angleterre, le gouvernement conservateur reste déterminé à redémarrer l'activité dans le reste du pays, le plus endeuillé en Europe par le Covid-19 avec plus de 43 000 morts.
"Construire, construire, construire"
Après avoir enfilé un casque de chantier sur un site de construction, Boris Johnson a développé sa vision pour sortir l'économie du gouffre, avec un plan de cinq milliards de livres (5,5 milliards d'euros) d'investissements dans les infrastructures résumé par son slogan : "Construire, construire, construire".
"Cela ressemble à un New Deal (...) parce que c'est ce que l'époque exige : un gouvernement puissant et déterminé qui met ses bras protecteurs autour du peuple en temps de crise", a-t-il déclaré en référence à la politique dite du "New Deal" ("nouvelle donne") de Franklin D. Roosevelt qui avait permis de relancer l'économie américaine par la demande et l'intervention de l'État après la Grande Dépression des années 1930.
"Ce moment nous donne une occasion bien plus grande d'être radical et de faire les choses différemment", a-t-il martelé, à Dudley (centre de l'Angleterre).
Il est peu rentré dans les détails de ce plan, qui comprend des investissements notamment dans la construction et rénovation d'écoles, d'hôpitaux et de routes.
Avant même son discours, sur la base des éléments publiés dans la presse britannique, l'opposition travailliste avait critiqué un plan peu ambitieux vu l'ampleur de la crise tandis que Greenpeace l'avait jugé pas à la hauteur des enjeux climatiques.
"Le 'New Deal' de Roosevelt a donné naissance à des méga-projets tels que le barrage Hoover - alors que la liste des projets prioritaires du Premier ministre inclut la réparation d'un pont à Sandwell", a ironisé le Financial Times.
Sur le premier trimestre, marqué par une semaine seulement de confinement, le Produit intérieur brut britannique a baissé de 2,2 %, du jamais vu depuis 1979, et le Fonds monétaire international prévoit un effondrement historique de plus de 10 % pour 2020.
Alors que la dette britannique a déjà dépassé pendant cette crise les 100 % du PIB, la question du financement reste en suspens.
Conforme à ses promesses électorales de l'automne dernier, Boris Johnson a refusé tout retour à l'austérité, estimant que "le monde a changé depuis 2008". "Je ne suis pas un communiste mais je pense que c'est aussi le travail du gouvernement de créer les conditions nécessaires à l'économie de marché", a-t-il assuré.
Leicester reconfiné
Ce plan de relance intervient alors que la crise sanitaire connaît une première résurgence qui a conduit le gouvernement a annoncer mardi soir des mesures de confinement à Leicester et ses environs, dans une zone représentant plus de 600 000 habitants.

Cette nouvelle a fait l'effet d'une douche froide à quelques jours de la réouverture, prévue samedi dans le reste de l'Angleterre, d'une grande partie des commerces fermés depuis fin mars, notamment les pubs et les coiffeurs. Dans la ville, elle a été accueillie de manière mitigée.
"C'est autoritaire !" a tempêté Will Horspool, 35 ans, interrogé par l'AFP, qui avait déjà réservé une table dans un pub pour la semaine prochaine après la réouverture prévue samedi.
"Les gens ne prennent pas la situation au sérieux, ils ne portent pas de masques dans les magasins", a regretté Manuela, une infirmière de 30 ans.
Devant la presse, le maire Peter Soulsby a reconnu que les mesures annoncées étaient plus dures qu'espéré.
"Je suis inquiet évidemment pour le bien-être de la ville et la santé de la population mais aussi pour l'économie", a-t-il déclaré, appelant le gouvernement à davantage soutenir financièrement sa commune.
Avec AFP