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Wirecard : la chute d'une icône allemande

Le patron-fondateur de Wirecard, Markus Braun, qui avait démissionné vendredi, a été arrêté lundi en Allemagne et libéré contre une caution de 5 millions d'euros. Il est soupçonné d'avoir gonflé le bilan de son groupe pour le rendre plus attractif aux yeux des investisseurs et des clients. Un scandale qui rappelle l'affaire Enron de 2001. 

Wirecard, c’était un peu le chouchou de la finance en Allemagne, une fierté nationale. Ce service de paiement par Internet, spécialisé d'abord dans les sites pornographiques et de jeux en ligne, a grandi pour devenir une sorte de concurrent européen de Paypal ou de Western Union. Aujourd'hui, il compte 6000 salariés et 26 succursales dans le monde.

Coté en bourse, Wirecard fait son entrée en 2018 dans le Dax, l’équivalent du CAC 40. L’entreprise y remplace d’ailleurs Commerzbank. Tout un symbole : la jeune pousse prenant la place de la vieille institution bancaire allemande… Elle est valorisée jusqu’à 28 milliards d’euros. Mais en quelques semaines tout s’écroule. Aujourd’hui, elle ne vaut plus que 2 milliards. Et sa survie est en jeu.

A l'origine de ce scandale, un audit interne. Le groupe admet ne pas être en mesure de justifier un trou de près 2 milliards d’euros, soit un quart de son bilan financier, dans ses comptes. De l'argent qui aurait dû se trouver dans des banques aux Philippines ce qui s'avère être faux. En réalité, la somme n'aurait jamais existé ! C'est ce qu'indique la direction dans un communiqué.

Pire encore, il ne s'agirait pas d'un cas isolé. Des doutes planent sur les comptes des années 2016, 2017 et 2018. On est là face à un vrai thriller financier qui n'est pas sans rappeler l’affaire Enron, cette entreprise texane, qui au début des années 2000  gonflait elle aussi artificiellement ses profits et masquait ses pertes. Elle avait fini par faire faillite en 2001.

Cette fois, l'affaire écorne l'image de l'Allemagne, de son sérieux, celle du Dax  et celle du gendarme financier allemand, la BaFin qui se retrouve humiliée. Son patron parle d’un désastre complet. D’autant plus que la presse, et notamment le Financial Times, n’avait cessé d’émettre des doutes sur ce groupe , à coup d’enquêtes et de lanceurs d’alerte, depuis plusieurs années. Sans jamais avoir été entendu…