Les pluies diluviennes qui s'abattent depuis jeudi soir sur la Sicile ont provoqué la mort de 17 personnes au moins dans des inondations et des glissements de terrain. Trente-cinq autres sont portées disparues.
AFP - Au moins 17 personnes sont mortes et 35 sont portées disparues après des inondations et glissements de terrain provoqués par des pluies diluviennes qui ont frappé depuis jeudi la région de Messine dans l'est de la Sicile, ont annoncé vendredi les autorités.
Plusieurs responsables ont parlé de désastre annoncé, critiquant l'incurie des plans d'aménagement avec notamment une absence de systèmes d'évacuation des eaux. En trois heures, 250 mm de précipitations sont tombés sur la région.
"La plupart des morts et blessés graves se trouvaient dans deux immeubles qui se sont effondrés sous l'effet de la coulée de boue", a précisé à l'AFP le porte-parole de la protection civile en Sicile, Giampiero Gliubizzi.
Le porte-parole a donné un bilan de 17 morts et 35 disparus, ainsi qu'environ 70 blessés encore hospitalisés tandis qu'on compte quelque 300 sinistrés, pour la plupart hébergés provisoirement dans des écoles ou des hôtels. "On m'a aussi parlé d'un bilan de 18 morts plus 2 personnes disparues en mer mais ce n'est pas confirmé", a-t-il dit à l'AFP.
Les fortes averses ont provoqué des crues soudaines, éboulements et coulées de boue dont une sur 3,5 kilomètres, obstruant les voies de communication entre Messine et plusieurs localités côtières, situées au sud de la ville sicilienne. Des dizaines de voitures ont été emportées.
Les recherches devraient reprendre samedi avec "l'aide d'unités cynophiles" qui fouillent dans la boue et les décombres, selon le porte-parole.
Les routes vers plusieurs localités dont Giampilieri, isolée pendant plusieurs heures, ont été rouvertes pour faire circuler les secours. Faute de voies praticables, la plupart des blessés avaient dû être évacués depuis les plages, à bord de vedettes et zodiacs jusqu'au port de Messine, et de là vers les hôpitaux.
Le chef de la protection civile, Guido Bertolaso, a assuré que les sauveteurs sont "intervenus en temps voulu avec l'arrivée sur place du premier zodiac à 02H00 du matin".
Selon les témoignages, des pans de colline sont tombés sur les maisons et dans certaines localités comme Molino il y a jusqu'à sept mètres d'épaisseur de boue.
"Deux étages de mon immeuble se sont effondrés et ont complètement disparu", a raconté à l'Ansa une rescapée qui vivait au troisième étage. "Tout s'est passé très vite", a-t-elle ajouté, encore sous le choc.
"Je n'ai rien compris, j'étais à la maison et tout s'est mis à bouger. Je me suis retrouvée au milieu des gravats", a raconté une autre survivante de la localité de Scaletta.
Se défendant de vouloir polémiquer, M. Bertolaso, un médecin de formation, a critiqué l'anarchie immobilière dans la zone. "Il est évident que la protection civile ne peut pas résoudre les problèmes de déséquilibre hydrogéologique créés par les constructions illégales", a-t-il souligné.
"C'est un territoire déjà très fragile, et on a fait preuve d'une incurie totale avec notamment un manque de tout-à-l'égoût", a déclaré le président de l'ordre régional des géologues, Gian Vito Graziano.
"La tragédie de Messine? Tout est la faute de l'incurie et du manque d'attention pour l'environnement. L'homme politique ne pense pas au paysage parce qu'il veut surtout satisfaire son ami qui veut construire" une maison, a dénoncé la présidente du Fonds italien pour l'Environnement (FAI), Giulia Maria Mozzoni Crespi.
Le président Giorgio Napolitano a également été très critique, appelant à concentrer les ressources sur la sécurité des citoyens plutôt que sur des projets pharaoniques dans le sud du pays. En 2007, après de graves inondations à Giampilieri, une enveloppe de 11 millions d'euros avait été prévue mais aucun chantier n'a été mené à bien.