D'après The Wall Street Journal, les États-Unis comptent réduire leur présence militaire en Allemagne. Si la Maison Blanche et le Pentagone n'ont pas confirmé ces informations, ces révélations inquiètent Berlin au sujet du maintien de la sécurité européenne.
Des inquiétudes émergent en Allemagne, après que des informations ont été révélées dans la presse sur une réduction ordonnée des effectifs militaires américains déployés dans le pays.
Dimanche, le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a insisté sur le fait qu'une coopération étroite était dans l'intérêt des deux pays. D'autres responsables politiques à Berlin ont été plus directs, évoquant un coup dur pour les relations germano-américaines et un risque potentiel pour la sécurité.
Le quotidien américain The Wall Street Journal a rapporté vendredi, citant des sources gouvernementales anonymes à Washington, que le président Trump avait ordonné au Pentagone de réduire à 25 000 les militaires américains stationnés en Allemagne, soit une diminution de 9 500 hommes.
Actuellement, quelque 34 500 soldats vivent avec leurs familles sur une des 21 bases militaires américaines en Allemagne. Les effectifs peuvent atteindre 52 000 personnes au moment des rotations des équipes ou à l'occasion de manœuvres.
Des conséquences à l'échelle européenne
Une telle décision, qui semble avoir pris Berlin de court, équivaudrait à réduire significativement l'engagement américain dans la défense européenne dans le cadre de l'Otan.
"Si cela devait déboucher sur un retrait d'une partie des soldats américains, nous en prenons note", a déclaré Heiko Maas au journal Bild am Sonntag. "Nous apprécions la coopération avec les forces armées américaines (qui) est dans l'intérêt de nos deux pays".
Heiko Maas a néanmoins reconnu que les liens s'étaient distendus sous la présidence Trump. "Nous sommes de proches partenaires au sein de l'alliance transatlantique. Mais c'est compliqué", a-t-il dit à Bild, allusion à des sujets de frictions comme l'accord sur le nucléaire avec l'Iran, le soutien de Berlin au gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne ou les contributions à l'Otan.
Pas de confirmation du gouvernement américain
La Maison Blanche et le Pentagone se sont refusés à confirmer ou démentir les informations du Wall Street Journal et d'autres médias, qui surviennent dans un contexte de tensions entre le gouvernement américain et ses alliés européens en sein de l'Otan.
Cette réduction d'effectifs était par ailleurs l'un des projets de l'ex-ambassadeur des États-Unis à Berlin, Richard Grenell, un fidèle de Donald Trump qui vient de démissionner de ses fonctions.
"La relation entre l'Allemagne et les États-Unis pourrait être gravement affectée par une telle décision du président américain", a averti le coordinateur du gouvernement allemand pour les relations transatlantiques, Peter Beyer, cité par l'agence dpa.
Une forte présence américaine en Allemagne
Une réduction de la présence américaine serait "une erreur colossale" et "un cadeau" au président russe Vladimir Poutine, juge Ben Hodges, ex-ancien commandant des forces américaines en Europe, parti en 2017.
"Les soldats américains ne sont pas en Europe pour protéger les Allemands", a-t-il tweeté, "ils sont sur une base avancée, en tant que partie de l'Otan, pour protéger tous les membres, y compris les États-Unis".
Completely agree...US troops are not in Europe to protect Germans...they are forward-based, as part of NATO, to protect all Members, including USA. Europe enables USA to project power to Middle East, Africa. BTW, 35K US Army in Europe...1/3 of a major American football stadium. https://t.co/M3lM98P9Bp
— Ben Hodges (@general_ben) June 6, 2020Même si leur nombre a diminué depuis la Guerre froide, l'Allemagne accueille plus de soldats américains que n'importe quel autre pays européen, un héritage de l'occupation alliée après la Seconde Guerre mondiale.
L'armée américaine a ses QG pour l'Europe et l'Afrique à Stuttgart. La base aérienne américaine de Ramstein joue un rôle majeur pour le transport d'hommes et d'équipements en Irak et en Afghanistan. L'hôpital militaire américain de Landsthul, près de Ramstein, est le plus important hors des États-Unis.
Avec AFP