Devenu depuis peu l'un des épicentres de la crise sanitaire liée au Covid-19, le Brésil peine à endiguer la crise sociale qui en découle. Et même les groupes de supporters des clubs rivaux, chose impensable jusqu'alors au Brésil, s'unissent pour dénoncer la politique du président Bolsonaro.
C'est une image rare, pour ne pas dire inédite au Brésil. Alors que le pays semble totalement dépassé par l'épidémie du Covid-19, les manifestations contre la gestion de la crise sanitaire se multiplient. Et depuis la fin du mois de mai, elle a même permis la réconciliation temporaire des "torcidas" des clubs emblématiques du pays. Des groupes de supporters ultras qui, après s'être déchirés des décennies durant, ont cette fois décidé de faire front commun.
Torcidas de Corinthians, Palmeiras, Fluminense, Flamengo, Cruzeiro, Inter, Santos, Galo, Bahia, Sport, entre outras, unidos pela DEMOCRACIA e contra o FACISMO Verde Amarelo.#AntifasPelaDemocracia#Somos70porcento #ForaBolsonaroGenocida#TorcidasPelaDemocracia pic.twitter.com/4suZ5xFzOw
— ⚖️ Legalista (@gomesadvoga) May 31, 2020Dimanche 31 mai, à São Paulo, des groupes ultras des Corinthians ont appelé à manifester pour la "défense de la démocratie". Un rendez-vous finalement honoré par leurs homologues de plusieurs équipes, notamment Palmeiras, grand rival des Corinthians et club favori du président Jair Bolsonaro, cible principale des rassemblements. Un chef de l'État largement critiqué pour sa gestion du Covid-19, qu'il avait notamment qualifié de "petite grippe", fin mars.
Le défilé pauliste, qui s'est épaissi au fil des minutes, a vu son avancée contrariée par les forces de l'ordre, qui ont, selon les médias locaux, fait usage de balles de caoutchouc et de gaz lacrymogènes pour contenir les débordements. Des militants pro-Bolsonaro, dont le favori organisait en parallèle un bain de foule à Brasilia, se sont également opposés aux supporters.
Bolsonaro, cible privilégiée des ultras
En marge de cette manifestation, d'autres regroupements similaires se sont également formés à Rio de Janeiro, où les ultras de Flamengo ont battu le pavé, tandis que ceux de l'Atlético Mineiro, de Cruzeiro et de l'America FC se sont réunis à Belo Horizonte.
Ce n'est pas la première fois que des groupes de supporters font cause commune, mais le phénomène reste très rare au Brésil, même si la présence de Jair Bolsonaro dans le paysage politique semble sujette à l'encourager. En octobre 2018, des ultras de Flamengo, Corinthians et Inter s'étaient également affichés ensemble, pour dénoncer la candidature du candidat d'extrême-droite.