Les représentants de Téhéran et des six grandes puissances chargées de relancer les discussions sur le nucléaire iranien se réunissent, ce jeudi, à Genève. Les négociations sont au point mort depuis plus d'un an.
AFP - Les représentants des six grandes puissances en charge du nucléaire iranien et leur homologue de Téhéran ont entamé jeudi à Genève des discussions cruciales après 14 mois d'interruption, destinées à tester la volonté des Iraniens à lâcher du lest sur leur programme nucléaire.
Les entretiens, dans une villa surplombant le lac Leman, ont démarré dans la matinée entre le diplomate en chef de l'UE Javier Solana, qui conduit le processus, les représentants des 5+1 (Russie, Chine, France, Etats-Unis, Royaume-Uni plus l'Allemagne), et le négociateur iranien, Saïd Jalili.
Un déjeuner est prévu mais pour le reste de la journée, "le format reste ouvert", a expliqué à l'AFP une source européenne. "Cela dépendra de la façon dont se passe la matinée, le déjeuner".
"Il peut y avoir une seconde réunion dans l'après-midi. Mais cela dépendra des résultats du matin", a confirmé à l'AFP un membre de la délégation iranienne avant le début des discussions.
La rencontre s'annonce difficile. Mais elle est attendue comme un test majeur sur les intentions de l'Iran après une semaine riche en rebondissements entre l'annonce de l'existence d'un second site d'enrichissement de l'uranium près de Qom (centre), les tirs de missiles iraniens et les multiples déclarations contradictoires de Téhéran.
Mercredi, alors que la pression sur l'Iran était à son comble, M. Jalili expliquait ainsi à son départ pour Genève envisager la réunion de manière "positive", alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad affirmait que son pays sortirait "sans dommages" de la journée.
Puis, plus conciliant, le président a fait deux propositions: premièrement de céder de l'uranium faiblement enrichi en Iran à un pays tiers pour obtenir en contrepartie de l'uranium enrichi à 20% nécessaire pour un réacteur de recherche à Téhéran. Deuxièmement, un cadre de discussion avec le groupe des six ainsi qu'un "sommet des dirigeants pour parler de toutes les propositions" d'intérêt commun, dont la prolifération nucléaire.
Pour la première fois, Téhéran semble aborder des questions concrètes liées à son programme controversé.
Reste à savoir si cela suffira à convaincre les "Six" qui exigent des clarifications et soupçonnent le programme d'être à des fins militaires, ce dont l'Iran se défend catégoriquement.
La révélation de l'existence d'un second site d'enrichissement juste avant les négociations a renforcé les inquiétudes internationales.
Les capitales occidentales, excédées par des années de discussions stériles, ont brandi la menace de nouvelles sanctions si Genève échouait et répété que l'option militaire demeurait sur la table.
Outre des assurances sur le caractère pacifique du nucléaire iranien, les Occidentaux veulent obtenir au plus vite une visite de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) du site de Qom.
Téhéran a annoncé que des discussions étaient en cours pour fixer une date et les modalités d'une inspection.
Mercredi soir, la Maison blanche gardait l'espoir d'une avancée, donnant son feu vert à son négociateur, William Burns, d'engager des discussions en tête-à-tête avec le représentant de la République islamique si l'occasion se présentait.
Confronté à une crise politique intérieure et à des besoins économiques grandissants, Téhéran, habitué à "gagner du temps" sans rien lâcher, semble hésiter.
Pour preuve, les déclarations de son président: "nous allons à ces négociations avec un plan fort et minutieux, la délégation iranienne est prête à accueillir toutes les propositions en vue d'une coopération collective", a assuré M. Ahmadinejad.