
Nicolas Sarkozy poursuit sa politique d'ouverture à gauche en nommant l'ancien ministre socialiste de la Santé Claude Evin au poste stratégique de directeur de l'Agence régionale de santé pour l'Ile-de-France.
AFP - Claude Evin, nommé à la tête de la future Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, est une personnalité de premier plan du système de santé et un ancien ministre socialiste qui n'a pas hésité à soutenir la Loi Bachelot lors de son récent parcours parlementaire chahuté.
Le poste de quasi-préfet de la santé pour l'Ile-de-France qu'il a obtenu mercredi le place à la tête de la principale des futures ARS, dont la ministre de la Santé Roselyne Bachelot veut faire les pierres angulaires de sa réforme du système de santé, adoptée dans la douleur cet été.
Les ARS, qui verront le jour d'ici la mi-2010, auront notamment pour mission de définir la politique de santé de chaque région en réunissant tous les acteurs (Etat, assurance maladie), et surtout en coordonnant des secteurs jusqu'à présent cloisonnés: médecine de ville, hôpitaux, établissements du médico-social et maisons de retraite.
Rocardien, député PS de Loire-Atlantique jusqu'en 2007, M. Evin, 60 ans, a été membre de gouvernements socialistes de 1988 à 1991, en charge notamment de la Santé.
Il a donné son nom à la fameuse Loi Evin de 1991 qui a interdit de fumer dans de nombreux lieux publics et de faire de la publicité pour les boissons alcoolisées.
Ses anciennes fonctions ministérielles lui ont aussi valu d'être poursuivi devant la Cour de Justice de la République (CJR) dans l'affaire du sang contaminé.
Des plaignants lui reprochaient de ne pas avoir organisé le rappel des personnes transfusées avant l'entrée en vigueur en 1985 du dépistage systématique du sida dans les dons du sang. Mais la commission d'instruction de la CJR a rendu un non-lieu en 2003.
M. Evin a également été relaxé en mai dernier par le tribunal correctionnel de Paris, devant lequel il était accusé d'avoir indirectement exercé des pressions pour un retrait de plainte de parents d'une victime de l'affaire du sang contaminé.
Avocat, Claude Evin préside depuis 2004 la Fédération hospitalière de France (FHF), qui représente auprès des pouvoirs publics les responsables de l'ensemble des hôpitaux publics.
A ce titre, infatigable militant de l'hôpital public, il a souvent interpellé les gouvernements de droite, les appelant à donner davantage de moyens aux hôpitaux pour assurer leurs missions de service public.
Mais il est aussi monté au créneau ces derniers mois pour défendre la loi "Hôpital, Patients, Santé, Territoires" (HPST) de Roselyne Bachelot, un texte qui a fait l'objet de tirs croisés venant aussi bien de l'opposition politique que de la majorité.
Tout en suggérant quelques améliorations, M. Evin avait qualifié ce texte d'"absolument nécessaire pour défendre l'hôpital public", jugeant qu'il était "loin d'être libéral" et qualifiant d'"excessives" les critiques formulées par d'éminents médecins mobilisés contre la loi.
Mercredi, il a indiqué au Parisien qu'il avait "milité depuis longtemps pour la création de ces agences régionales de santé" qui ne sont selon lui, "ni de droite ni de gauche".
Roselyne Bachelot avait déjà confié une mission à Claude Evin début 2008, en le chargeant de présider le comité de suivi et d'indemnisation des victimes de surdoses de radiation lors de leur traitement à Toulouse.