Lors de la session annuelle de l'Organisation mondiale de la Santé, lundi, ses pays membres ont décidé de reporter les débats sur la participation de Taïwan comme observateur. Washington a "condamné" cette "exclusion", estimant qu’elle portait "encore davantage atteinte à la crédibilité" de cette agence de l'ONU.
Une décision renvoyée à plus tard. Les pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont décidé, lundi 18 mai, de reporter les débats sur la participation de l’île de Taïwan comme observateur, lors du premier jour de la session annuelle de l’assemblée de l’agence onusienne. Cela répond à une demande de plusieurs pays, notamment les États-Unis qui ont immédiatement "condamné" la décision.
À l'occasion du premier des deux jours de cette assemblée virtuelle, les pays ont accepté de débattre de la question taïwanaise lors de la reprise des débats, l'OMS espérant qu'il soit possible de les poursuivre plus tard dans l'année. Aucun pays ne s'est opposé à cette proposition.
Peu après, Washington a toutefois "condamné" la décision dans un communiqué. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a étrillé "l'absence d'indépendance" du directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, accusé d'avoir "choisi de ne pas inviter Taïwan sous la pression de la République populaire de Chine".
"La crédibilité davantage atteinte"
Selon Washington, la décision d’"exclure" l’île portait "encore davantage atteinte à la crédibilité" de cette agence de l'ONU déjà critiquée par les États-Unis pour sa gestion de la pandémie.
L'OMS, dont une des principales missions est de coordonner les situations d'urgence sanitaire, est accusée par les États-Unis d'avoir négligé une alerte précoce venue de Taïwan sur la gravité du coronavirus apparu fin décembre en Chine - ce que dément l'agence onusienne.
Les États-Unis, soutenus par certains pays, avaient alors appelé l'OMS à "inviter Taïwan" à l'AMS, malgré l'opposition de la Chine. Pékin considère Taïwan partie intégrante de son pays.
Washington muscle ses attaques contre Pékin
"Au moment où le monde continue de lutter contre la pandémie de Covid-19, nous avons besoin d'institutions multilatérales qui respectent leurs missions statutaires et servent les intérêts de tous leurs États membres, au lieu de faire de la politique politicienne, tandis que des vies sont en jeu", a protesté Mike Pompeo dans le communiqué.
"Personne ne remet en question le fait que Taïwan ait mis en place une des réponses les plus efficaces au monde pour endiguer la pandémie, malgré sa proximité géographique avec le berceau du virus à Wuhan, en Chine", a-t-il relevé.
"Ce n'est pas une surprise. Les démocraties transparentes, en pleine santé et innovantes comme Taïwan répondent toujours mieux et plus rapidement aux pandémies que ne le font les régimes autoritaires", a ajouté le secrétaire d'État, en première ligne pour dénoncer la "responsabilité" de la Chine dans la propagation du nouveau coronavirus.
Selon lui, le directeur général de l'OMS "avait le pouvoir légal et disposait des précédents nécessaires" pour inviter Taïwan à l'assemblée annuelle.
"Les actes fielleux de la République populaire de Chine pour faire taire Taïwan démontrent à quel point ses affirmations en faveur de la transparence et de la coopération internationale contre la pandémie sonnent creux, et rendent encore plus flagrante la différence entre la Chine et Taïwan", a-t-il encore déploré.
Le président américain Donald Trump a déjà suspendu l'importante contribution des États-Unis à l'OMS. Il l'accuse de s'être "plantée" en s'alignant sur les positions chinoises au début de l'épidémie.
Exclusion de l’OMS en 2016
Si Taïwan est finalement invitée, ce serait en réalité un retour de l’île. Car après avoir bénéficié d'un statut d'observateur, Taïwan a été exclue de l'OMS en 2016, année de l'arrivée au pouvoir de Tsai Ing-wen. La présidente refuse de reconnaître le principe de l'unité de l'île et de la Chine continentale au sein d'un même pays.
À Genève, l'OMS assure que c'est aux seuls États membres que revient la décision d'accepter ou pas Taïwan. Peu avant l'ouverture de la réunion, le chef de la diplomatie taïwanaise Joseph Wu a indiqué que Taïwan avait accepté de reporter la discussion, afin que les débats du jour puissent se concentrer sur la pandémie.
Avec AFP