Le président afghan, Ashraf Ghani, et son rival, Abdullah Abdullah, ont signé, dimanche 17 mai, un accord de partage du pouvoir après plusieurs mois d'une querelle électorale qui a plongé le pays dans une crise politique.
Le président afghan, Ashraf Ghani, et son rival, Abdullah Abdullah, ont signé dimanche un accord de partage du pouvoir après des mois de querelle, a annoncé un porte-parole du président.
"Le Dr Abdullah conduira la commission de réconciliation nationale et des membres de son équipe seront inclus dans le cabinet", a écrit sur Twitter Sediq Sediqqi, le porte-parole de M. Ghani.
The Political Agreement between President Ghani and Dr. Abdullah Abdullah has just been signed. Dr. Abdullah will lead the National Reconciliation High Council and members of his team will be included in the cabinet. Details will be aired shortly by RTA. pic.twitter.com/VZ95m5DfJq
— Sediq Sediqqi (@SediqSediqqi) May 17, 2020Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a d'office salué l'accord de partage du pouvoir signé entre les deux dirigeants rivaux, et les a incités à poursuivre leurs efforts en faveur de la paix.
"Je salue la décision prise par les dirigeants politiques afghans de résoudre leurs différends et de former un gouvernement inclusif", a déclaré Jens Stoltenberg.
Crise politique
Dans ce pays en proie aux violences et où s'aggrave la pandémie de coronavirus, Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah s'étaient déclarés présidents le même jour et deux cérémonies d'investiture présidentielle concurrentes ont eu lieu le 9 mars. Le chef de l'exécutif, Abdullah Abdullah, arrivé second, n'a eu de cesse de contester les résultats de la présidentielle.
Le scénario avait rappelé les pires moments du scrutin de 2014, que les deux mêmes protagonistes affirmaient également avoir remporté.
Les résultats définitifs de la présidentielle, organisée en septembre, n'avaient été annoncés qu'en février, en raison notamment du dépôt par les candidats de 16 500 plaintes pour irrégularités.
Ashraf Ghani a obtenu 50,64 % des 1,8 million de votes pris en compte. Abdullah Abdullah, qui n'a réuni que 39,52 % des suffrages, avait qualifié ces résultats de "trahison nationale".
"La situation en Afghanistan est précaire"
Selon le porte-parole d'Abdullah Abdullah, l'accord prévoit que celui-ci obtienne la moitié du cabinet et des postes de gouverneurs provinciaux.
L'objectif est d'atteindre "le but final du peuple afghan, c'est-à-dire la paix", a-t-il ajouté, précisant que la mise en œuvre de l'accord serait supervisée par des personnalités nationales.
"La situation en Afghanistan est précaire", a-t-il par ailleurs souligné. "Nous devons maintenir notre unité et des violations pourraient conduire à une crise encore plus profonde".
Des photos publiées par le palais présidentiel montrent Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani assis côte à côte pour une cérémonie de signature, entourés de personnalités afghanes dont l'ancien président Hamid Karzai.
Pressions américaines
Ex-numéro 2 de l'exécutif aux termes d'un précédent accord de partage du pouvoir avec Ashraf Ghani, ex-économiste de la Banque mondiale reconnu par la communauté internationale, Abdullah Abdullah avait perdu son poste après sa défaite face au chef de l'État à l'élection présidentielle de septembre.
Les États-Unis avaient alors fait pression pour résoudre cette crise afin de pouvoir démarrer des négociations entre Kaboul et les Taliban, annonçant même la réduction immédiate d'un milliard de dollars d'aide à l'Afghanistan, menace de poids pour ce pays pauvre au PIB d'à peine 20 milliards de dollars.
Abdullah Abdullah à la tête de futurs pourparlers avec les Taliban
Le 1er mai 2020, Abdullah Abdullah avait annoncé un "accord provisoire" avec Ashraf Ghani. L'accord de dimanche pourrait donc aider l'Afghanistan à s'extirper de cette impasse politique.
"Ce qui est attendu maintenant, c'est que ces dirigeants résolvent les problèmes qu'affronte l'Afghanistan, comme le coronavirus et les pourparlers de paix avec les talibans", explique à l'AFP Sayed Nasir Musawi, analyste politique à Kaboul.
L'accord place Abdullah Abdullah à la tête de ces futurs pourparlers avec les Taliban qui ont déjà conclu, le 29 février, un accord historique avec Washington, ouvrant la voie à un retrait des forces étrangères du pays après près de 19 ans de guerre.
Les insurgés se sont engagés en retour à ne pas attaquer les forces étrangères. Mais des combats ont continué de faire rage entre les Taliban et les forces afghanes.
Les négociations de paix directes inédites entre les insurgés et le gouvernement afghan, censées débuter il y a plus de deux mois, sont jusqu'ici restées lettre morte.
La semaine dernière, le bain de sang à la maternité de Kaboul a poussé Ashraf Ghani à ordonner la reprise des opérations offensives contre les Taliban. Ces derniers ont nié toute responsabilité dans cette attaque, pour laquelle Washington a incriminé le groupe jihadiste État islamique.
Avec AFP