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Au Chili, une petite-nièce de Pinochet au ministère du Droit des femmes

Le président chilien, Sebastian Piñera, a nommé mercredi Macarena Santelices comme ministre chargée du Droit des femmes. Elle est la petite-nièce de l'ancien dictateur Augusto Pinochet, et sa nomination ne passe pas auprès des associations féministes.

"Nous n'avons pas de ministre !" C'est le cri de ralliement des féministes au Chili depuis la nomination, mercredi 6 mai, de Macarena Santelices au ministère du Droit des femmes. Cette dernière n'est autre que la petite-nièce de l'ancien dictateur Augusto Pinochet (1974-1990).

Sur les réseaux sociaux, le hashtag #NoTemenosMinistra fait partie des tendances depuis sa nomination et regroupe plusieurs appels à la démission.

La polémique sur la nomination de Macarena Santelices par le président Sebastian Piñera (droite conservatrice) provient principalement d'une interview de 2016 dans laquelle elle saluait les "bons côtés" de la dictature de 1973-1990. Période durant laquelle au moins 3 000 personnes ont été assassinées ou que l'armée à fait disparaître tandis que plus de 30 000 personnes étaient emprisonnés et torturés.

Durant cette période, au moins 316 femmes, dont 11 enceintes, ont été torturées par l'armée, rappelle la commission nationale sur les prisonniers politiques et la torture.

Levée de boucliers des associations féministes

"Nous exprimons notre désaccord absolu face à la nomination de Macarena Santelices en tant que ministre chargée des Droits des femmes. Celle qui fait l'apologie de la dictature ne saurait défendre les femmes, qui ont historiquement subi des violences particulières de la part de l'État, simplement parce qu'elles étaient des femmes", a twitté un collectif d'avocates féministes.

Manifestamos absoluto descontento ante nombramiento de Macarena Santelices para @MinMujeryEG. Quien hace apología de dictadura difícilmente será idónea a la hora de defender a mujeres, quienes históricamente han sufrido violencia especial por parte de Estado, solo por ser mujeres pic.twitter.com/Y1SXvxlscm

— Asociación de Abogadas Feministas Chile (@Abofemcl) May 6, 2020

"Le signal du gouvernement  qu'envoie Sebastian Piñera en nommant une partisane de la dictature, Macarena Santelices, en tant que ministre des Femmes – alors qu'elle n'a aucune expérience en la matière – est clair : la vie des femmes n'est pas une priorité et les droits de l'Homme non plus", note le réseau chilien contre les violences faites aux femmes.

Señal del @GobiernodeChile de @sebastianpinera al nombrar a simpatizante de la dictadura, Macarena Santelices, ministra de la mujer -quien no tiene experiencia en esta materia- es clara: la vida de las mujeres no son prioridad y evidentemente los DDHH tampoco #NoTenemosMinistra

— Red Chilena contra la Violencia hacia las Mujeres (@MujeresRed) May 7, 2020

"Contre le pinochetisme et la xénophobie par Macarena Santelices, récemment nommée par le gouvernement pour être ministre des femmes, nous ne nous tairons pas. Nous exigeons sa démission immédiate !", appelle la militante féministe Javiera Manzi, coordinatrice du mouvement du 8 mars.

Contra el pinochetismo y la xenofobia de Macarena Santelices, recién nombrada por el gobierno para el @MinMujeryEG, no nos calla nadie. Exigimos revocación inmediata!
#NoTenemosMinistra @Coordinadora8m pic.twitter.com/EdBJkn3et9

— Javiera Manzi A. (@JavieraManzi) May 6, 2020

Macarena Santelices veut être jugée sur ses actions

Macarena  Santelices, journaliste de formation, a travaillé pour plusieurs médias nationaux avant d'être élue maire d'Olmué en 2012, une petite ville situé non loin de la capitale Santiago. Elle dirige depuis octobre 2019 la région de Valparaíso avec l'étiquette UDI, parti fondé en 1983 dans le but affiché de préserver les acquis politiques et économiques de la dictature.

Alors qu'elle prenait ses fonctions mercredi,  Macarena Santelices a nié avoir jamais "soutenu ou justifié des violations de droits de l'Homme. Elle a demandée à ce qu'elle soit jugée "sur ses actions à compter de ce jour".

Elle remplace à ce poste Isabel Pla, qui avait démissionné invoquant une "usure personnelle" à ce poste alors qu'elle essuyait également des critiques de la part des mouvements féministes. Le poste est resté vacant 54 jours avant l'arrivée de Macarena Santelices.

"Cette nomination est une provocation flagrante et démontre le mépris total du gouvernement pour ce que le mouvement féministe chilien exige", déclare Romina Parada, cofondatrice du collectif féministe Baila Capucha Baila, au Guardian. "En ce qui concerne notre collectif, nous n'avons toujours pas de ministre des Droits des femmes et de l'égalité des genres"

Ces polémiques autour du poste de ministre chargé du Droit des femmes interviennent alors que l'activisme féministe gagne en vigueur chaque année au Chili. Le 8 mars dernier, plus d'un million de femmes ont défilé à Santiago lors de la Journée internationale des droits des femmes.

Impresiones de la multitudinaria marcha #8M2020 en Santiago, #Chile ????????
¡No somos histéricas, somos históricas! pic.twitter.com/KnBEK4cFoc

— FESminismos - ¡#ElFuturoEsFeminista! (@fesminismos) March 8, 2020