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La plupart des migrants de la "jungle" de Calais relâchés

Selon la Cimade, 124 des 138 sans-papiers placés en rétention après le démantèlement de la"jungle" de Calais le 22 septembre ont été remis en liberté, malgré les requêtes contraires de la place Vendôme.

REUTERS - Le gouvernement français se défend d’avoir mené une opération pour rien dans la « jungle » de Calais alors que des migrants y sont de retour une semaine après son démantèlement et sont à nouveau évacués par la police.

Selon la Cimade, association d’aide aux migrants, la quasi totalité des Afghans adultes placés en rétention après l’opération ont été libérés par la justice, soit 122 sur 138, retournant ainsi “à leur errance”.

Le ministère de l’Immigration parle pour sa part de 89 remises en liberté sur 129 personnes présentées à la justice.

Pour la Cimade, ces remises en liberté confirment que “l’évacuation de la ‘jungle’ de Calais s’est faite au mépris des droits fondamentaux”.

Elle réitère sa demande “que la France prenne des mesures d’urgence pour assurer leur sécurité, leur accès à la demande d’asile et leur prise en charge sanitaire”.

En revanche, le ministre de l’Immigration, Eric Besson martèle que l’opération de mardi “fut un succès” et annonce d’autres opérations, à l’image de celle menée mardi matin, pour évacuer les campements qui se reforment.

Il assure ainsi dans un communiqué que le taux de remise en liberté (68%) des migrants placés en centre de rétention est proche du taux moyen annuel (67%) et que l’objectif de l’opération n’était pas d’interpeller un maximum de personne.

Il égratigne au passage les juridictions, constatant “que certaines d’entre elles libèrent quasi systématiquement les étrangers en situation irrégulière qui leur sont présentés”.

Mais l’objectif, “qui était de détruire un campement insalubre et une plaque tournante des filières clandestines à destination de l’Angleterre, est atteint”, ajoute-t-il.

“Le ministère de l’Immigration annonce qu’il va à nouveau engager des opérations de police contre ces réfugiés et tenter de les reconduire en Afghanistan”, s’étonne la Cimade.

“L’Afghanistan est un pays en guerre, ces personnes venues chercher asile et protection sont menacées d’y être renvoyées.  C’est inacceptable”, ajoute-t-elle.

Mardi dernier, 276 migrants avaient été interpellés lors d’une vaste opération visant à supprimer tout campement de fortune dans cette zone proche de Calais occupée par des clandestins en attente de passage au Royaume-Uni.

Mais bon nombre d’entre étaient de retour les jours suivants dans la ville, alors que les bulldozers effaçaient les dernières traces de la “jungle”.

La “jungle” s’était constituée progressivement après la fermeture du centre de la Croix-Rouge de Sangatte en décembre 2002. Jusqu’à 800 migrants s’y étaient regroupés, des Afghans mais aussi des Irakiens et des Erythréens.