Peu de temps après avoir appris que la justice américaine demandait officiellement son extradition, le cinéaste franco-polonais Roman Polanski a déposé un recours contre son arrestation auprès des autorités suisses.
AFP - Le cinéaste franco-polonais Roman Polanski, détenu depuis samedi en Suisse, a demandé mardi sa remise en liberté et déposé un recours contre son arrestation en vue d'une extradition aux Etats-Unis, ont annoncé son avocat et la justice suisse.
L'avocat français du cinéaste, Me Hervé Temime, a déclaré à l'AFP avoir remis mardi "un recours contre la notification du mandat d'arrêt international" auprès du tribunal de Bellinzona, une des plus hautes instances judiciaires suisses, et de l'Office fédéral de Berne.
"Nous demandons donc sa mise en liberté, éventuellement sous conditions. Il n'y a pas de délai légal pour cette décision, mais nous espérons qu'elle interviendra au plus vite", a ajouté l'avocat.
La justice helvétique a de son côté annoncé avoir reçu mardi un recours de Roman Polanski contre son arrestation en vue d'une extradition, mais sans faire mention d'une demande de remise en liberté.
Le Tribunal fédéral pénal de Bellinzona (sud de la Suisse) "confirme avoir reçu ce jour une plainte de Roman Polanski contre le mandat d'arrêt aux fins d'extradition délivré par l'Office fédéral (ministère) de la Justice", selon un communiqué de ce tribunal.
"Une décision sera rendue au cours de ces prochaines semaines, à l'issue des échanges d'écritures", a ajouté le tribunal sans plus de détail.
Roman Polanski, arrêté samedi à sa descente d'avion à Zurich sur mandat américain alors qu'il se rendait au Festival du film de la ville, avait fait savoir lundi par son avocat qu'il refuserait une extradition vers les Etats-Unis.
Le cinéaste, âgé de 76 ans, Oscar du meilleur réalisateur (2003) et Palme d'Or à Cannes (2002) pour "Le Pianiste", est recherché par la justice américaine après une procédure ouverte en 1977 pour des "relations sexuelles illégales" avec une adolescente de 13 ans.
Celle-ci, Samantha Geimer, aujourd'hui une mère de famille de 45 ans, a elle-même demandé en janvier dernier l'abandon des poursuites.
En vertu d'un traité entre les deux pays, les Etats-Unis disposent de 40 jours pour présenter à la Suisse une demande d'extradition officielle, délai qui peut être prolongé de 20 jours. Mais M. Polanski peut faire appel de toutes les phases de la procédure.
Le bureau du procureur de Los Angeles (Californie, ouest des Etats-Unis) a confirmé lundi qu'il allait demander l'extradition du cinéaste.
"Nous allons préparer une demande d'extradition, qui sera envoyée au Département de la Justice et au Département d'Etat et qui suivra la voie diplomatique", a déclaré à l'AFP Sandi Gibbons, porte-parole du bureau du procureur.
Cette arrestation, pour des faits remontant à plus de 30 ans, a provoqué l'indignation à Paris et en Pologne, ainsi que celle de nombreux artistes dans le monde, qui ont dénoncé dans une pétition un "traquenard policier".