Des manifestants libanais, mobilisés pour dénoncer une inflation galopante, ont bravé le confinement lundi soir à Tripoli et de violents incidents ont éclaté avec l'armée qui tentait de les repousser. Un protestataire âgé de 26 ans est mort dans la nuit des suites de ses blessures.
Des affrontements ont eu lieu dans la soirée de lundi 27 avril à Tripoli, dans le nord du Liban, entre l'armée et des centaines de manifestants réclamant un changement radical face à la crise économique.
Plus d'une vingtaine de personnes ont été blessés pendant les heurts, et un manifestant de 26 ans est décédé des suites de ses blessures ont annoncé mardi sa famille et une organisation de secouristes. Fouad al-Saman est tombé dans le coma après avoir été blessé à une cuisse par un tir à balle réelle, a indiqué à l'AFP sa sœur Fatma, accusant l'armée d'en être responsable.
Le manifestant a "succombé à ses blessures" mardi matin, selon un communiqué des secouristes de l'Association médicale islamique.
L'armée a exprimé "ses profonds regrets" en annonçant l'ouverture d'une enquête, assurant respecter la liberté d'expression à condition que la mobilisation ne se transforme pas en vandalisme.
Les blessés ont été touchés par des tirs "à balles réelles ou de caoutchouc, ainsi que par des jets de pierre", a précisé l'Association médicale islamique. Par ailleurs, 40 militaires ont été blessés, d'après l'armée, qui a aussi rapporté des jets de pierre et l'incendie de trois banques.
Malgré le confinement décrété dans le pays face à la pandémie de coronavirus, des hommes, des femmes et des enfants ont défilé dans les rues, aux cris de "Révolution ! Révolution !".
Les manifestants ont été repoussés par l'armée au moment où ils voulaient rejoindre la maison d'un parlementaire auquel ils sont hostiles. Certains ont jeté des pierres, l'armée a répliqué par des tirs en l'air pour disperser la foule dans la zone de la place al-Nour.
Une banque visée dans le Sud
D'après l'Agence nationale de l'information, la vitrine d'une banque a été brisée. L'armée a fait état d'incendies dans plusieurs banques, et du jet d'un cocktail Molotov sur un véhicule militaire.
Lundi soir également, les locaux de la banque centrale à Sidon (sud) ont été visés par des pierres et des pétards, selon l'Agence nationale de l'information. C'est dans cette ville samedi soir qu'un engin explosif avait été jeté contre une banque.
Le Liban est confronté à sa pire crise économique depuis la guerre civile (1975-1990), et la pandémie mondiale n'a fait qu'empirer les problèmes. La chute de la livre libanaise alimente une inflation qui a aggravé les difficultés pour la population, notamment dans une ville comme Tripoli, où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Avec AFP