À l’heure où les mesures de déconfinement sont discutées, la présidente de la RATP, Catherine Guillouard, a estimé vendredi que les règles de distanciation sociale voulues par le gouvernement ne sont pas faisables dans les transports publics parisiens. L'entreprise veut faire passer son offre de 30 % à 70 % de ses capacités normales au moment du déconfinement.
Les mesures de distanciation sociale ne seraient pas "faisables" dans les transports publics, selon la RATP. Sa présidente, Catherine Guillouard, a jugé vendredi 24 avril dans une interview à France Inter que ces règles ne permettraient pas d’assurer le niveau de service visé pour le déconfinement le 11 mai. À cette date, l'entreprise publique souhaite faire fonctionner son réseau à hauteur de 70 % de ses capacités normales, contre 30 % actuellement.
"Ce n'est absolument pas une question de rentabilité mais de faisabilité, mais aussi de savoir si on veut rallumer l'activité économique ou pas", déclare-t-elle. "Comme on va faire 70 % de notre offre, cela fait 8 millions de voyage par jour. Si on appliquait la distanciation sociale, on ne ferait que deux millions de voyage par jour", a-t-elle ajouté.
"Passer pour une entreprise de la taille de la RATP (...) de 30 % à 70 %, en n'ayant le scénario (de reprise, NDLR) que dans quelques jours pour le 11 mai, c'est un exploit", a estimé la présidente de la RATP.
Catherine Guillouard, présidente de la RATP : "La distanciation sociale, ce n'est pas une question de rentabilité, c'est une question de faisabilité. Si on devait l'appliquer, on ne pourrait pas faire 8 millions de voyages par jour mais seulement 2 millions." #Le79Inter pic.twitter.com/KKfqah8b0b
— France Inter (@franceinter) April 24, 2020Port du masque
Catherine Guillouard est également revenue sur la question du port du masque pour ses salariés. Selon elle, des masques sont distribués depuis le 8 avril, deux jours après une demande de la médecine du travail. "Chaque salarié qui ira travailler aura une dotation de masques, soit chirurgicaux soit tissu. La médecine du travail nous a bien dit qu'on pouvait distribuer soit l'un soit l'autre et à raison de deux par jour", a ainsi précisé la présidente de la RATP.
La dirigeante n’a pas pour autant confirmé la promesse formulée par Valérie Pécresse la veille. Dans une interview donnée jeudi à BFMTV, la présidente de la région Île-de-France avait indiqué que la région équiperait gratuitement en masques les voyageurs dans les transports en commun "pendant les premières semaines du déconfinement".
"Je souhaite que le port du masque soit obligatoire" dans les transports en commun, a développé Valérie Pécresse sur BFMTV. "Pour cela, il faut d'abord donner les masques, il faut que tout le monde puisse en avoir", a-t-elle ajouté, en disant encore "réfléchir aux modalités" de collecte de ces masques pour les usagers.
Catherine Guillouard : "Le réseau parisien est hyper dense : il faut porter des masques et appliquer des gestes barrières. Si on devait appliquer la distanciation sociale, on ne pourrait plus avoir que 2 millions de voyages par jour." #le79Inter
— France Inter (@franceinter) April 24, 2020Plus de 8 000 salariés arrêtés
La présidente de la Régie autonome des transports parisiens a rappelé que son entreprise était elle-même touchée par l'épidémie de Covid-19. "On a aujourd'hui 8 500 personnes qui sont soit en arrêt maladie, soit en garde d'enfants", contre "12 000 il y a deux-trois semaines", a-t-elle relevé. "Ça a baissé, nous avons des reprises du travail."
Selon Mme Guillouard, les lignes de métro automatiques (1 et 14) circuleront à 100 % de leur capacité pour le déconfinement.
Mme Guillouard a indiqué que la RATP transportait 500 000 passagers par jour actuellement, contre 12 millions en temps normal, avec 30 % du réseau en fonctionnement.
Avec AFP