
Plusieurs joueurs de rugby professionnels ont choisi de s'investir pendant cette crise sanitaire du Covid-19 pour aider soignants et personnes démunies. Bakary Meïté, joueur de Carcassonne, a même rejoint les rangs d'une équipe d'entretien d'un hôpital parisien.
Face au Covid-19, le rugby se la joue collectif. Comme d'autres sportifs, les joueurs des trente clubs professionnels de rugby (Top 14 et pro D2) multiplient depuis plusieurs semaines les projets pour récupérer des fonds destinés au secteur hospitalier. Beaucoup ont ainsi choisi d'offrir des maillots qui sont proposés aux enchères ou de relayer des appels aux dons vers des cagnottes en ligne. Mais plusieurs joueurs professionnels ont décidé d'aller plus loin, en se mettant directement au service d'associations ou d'établissements hospitaliers.
Gaël Fickou en fait partie. D'ordinaire, ce brillant trois-quart passe plutôt de bons ballons d'attaque sur un terrain de rugby que des plats dans la cuisine d'un restaurant parisien. Mais avec le confinement et la mise en parenthèse de sa carrière professionnelle, le joueur du Stade français Paris a décidé de donner de son temps pour ceux qui luttent en première ligne contre le coronavirus. Dans un restaurant situé juste à côté du stade Jean-Bouin, où il s'entraîne habituellement, il participe à l'élaboration de repas destinés aux soignants d'hôpitaux voisins. "À la base, je ne suis pas très doué pour cuisiner, mais j'avais envie de me sentir utile et d'aider le personnel soignant", a confié au site Rugbyrama cette star du rugby français.
Le joueur le plus capé du XV de France Gaël Fickou est entré en cuisine avec ses coéquipiers du Stade Français pour alimenter personnel hospitalier et habitants dans le besoin. #Stade2 pic.twitter.com/Y1qbzjIkD3
— France tv sport (@francetvsport) April 19, 2020La tâche de ce joueur de 26 ans, qui compte 55 sélections chez les Bleus, ne s'arrête pas là puisqu'il se charge également, avec le concours d'autres bénévoles, de la livraison de ces repas. Avec la crise du Covid-19, plusieurs de ses coéquipiers se sont également transformés en livreurs : en accord avec une entreprise partenaire du club, ils apportent des produits frais à des supporters dans le besoin. Plusieurs joueurs ont ainsi effectué des tournées ces dernières semaines, tels que les internationaux français Paul Gabrillagues et Jonathan Danty, l'ouvreur argentin Nicolás Sánchez ou le jeune demi de mêlée Arthur Coville.
En cette période si particulière, nous ne vous oublions pas.
La #TournéeSolidaire continue. Joyeuses Pâques à toutes et à tous ???? Prenez soin de vous. #SFParis pic.twitter.com/rnRv7gXRwi
D'autres rugbymen professionnels ont choisi de donner de leur temps et de leur énergie en cette période de confinement, à l'instar de Nans Ducuing, arrière de l'Union Bordeaux Bègles et international français, qui participe de temps à autre à la livraison des repas fabriqués par l'association À la bonne heure. Elle distribue chaque jour 500 repas dans une dizaine d'établissements hospitaliers ou de résidences pour personnes âgées situés dans la région bordelaise. Et elle peut aussi compter sur l'aide de plusieurs autres rugbymen qui proposent ponctuellement leurs services.
La volonté de se rendre utile
Avec le confinement, certains rugbymen sont même allés plus loin en se consacrant à de nouvelle activités. Joueur du CA Brive Corrèze, qui évolue dans l'élite du rugby français, Guillaume Galletier a choisi de mettre à profit son confinement dans l'Hérault pour donner un coup de main à un maraîcher installé dans le département voisin, qui cherchait du monde pour livrer ses clients. Le jeune homme de 23 ans n'a pas hésité et a rapidement signé un contrat de livreur. Son histoire a été relatée par de nombreux médias, en inspirant à Guillaume Galletier sur Twitter un commentaire amusé.
J’ai eu plus d’articles dans les journaux en livrant des légumes qu’en jouant au rugby.. je sais pas comment je dois le prendre ????????????????????♂️
— guillaume galletier (@guigui_gltie) April 7, 2020Baky Meïté a lui aussi dû apprendre à vivre avec une exposition médiatique inédite. Les sollicitations se sont multipliées depuis que ce solide troisième ligne a rejoint le personnel d'entretien d'un hôpital de la capitale. Joueur de l'US Carcassonne, club de pro D2, Baky Meïté était de passage en région parisienne, dont il est originaire, lorsque le confinement a été décrété. Hébergé chez une proche en Seine-Saint-Denis, il apprend que son neveu Zakarya, qui joue avec l'équipe Espoirs de Carcassonne, a choisi de se porter bénévole pour rejoindre les services de nettoyage d'un hôpital parisien.
Baky Meïté l'a aussitôt imité. Depuis fin mars, de 7 h à 13 h, il est chargé de la désinfection des points de contact (poignées de porte, interrupteurs, rampes...) dans deux bâtiments de l'hôpital Sainte-Périne, situé dans le 16e arrondissement de Paris. Pour lui, l'essentiel était de pouvoir se rendre utile dans cette crise. Et il est content, grâce à l'intérêt suscité par son choix, de pouvoir mettre en avant celles et ceux qui font ce travail depuis très longtemps et qui poursuivent leur mission dans un contexte très difficile, malgré la peur de la maladie et le manque d'effectif. "C'est vraiment tendu mais ils tiennent bon, ils ne reculent pas", confie à France 24 ce joueur rompu à l'art de la mêlée.
En confinement à Paris, @therealbak et son neveu Zakaria se sont portés volontaires pour aider le personnel soignant de l'hôpital Sainte-Périne dans le 16ème.
Bravo à vous pour ce magnifique geste ! ???? pic.twitter.com/RA5uXzQF0f
Âgé de 36 ans, le capitaine de l'équipe de rugby de Côte d'Ivoire ne sait pas encore quand il pourra retourner dans son club. Ou quand il pourra reprendre son métier de rugbyman professionnel. La durée de sa mission à hôpital dépend bien sûr de l'évolution de la pandémie et du confinement, décrété jusqu'au 11 mai. Tant qu'il pourra se rendre utile, il continuera en tout cas de s'y rendre, 6 jours sur 7, en participant, à son niveau, au gigantesque effort fourni par le personnel hospitalier et médical dans la lutte contre le Covid-19.