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Jeudi soir sur TF1, le Premier ministre a sérieusement envisagé l'hypothèse d'un prolongement du confinement au-delà du 15 avril. Édouard Philippe a également admis de "vraies difficultés" pour s'approvisionner en masques. Il a, par ailleurs, évoqué les conditions particulières du baccalauréat et le report des élections municipales.
Le "déconfinement n'est pas pour demain", a prévenu jeudi 2 avril le Premier ministre Édouard Philippe, prévenant que les mesures de confinement en vigueur depuis le 17 mars en France pour tenter de contenir l'épidémie de coronavirus seraient "probablement" prolongées au-delà.
"Je comprends l'impatience mais le déconfinement, ce n'est pas pour demain matin", a déclaré le chef du gouvernement sur TF1. "C'est la logique du confinement qui doit prévaloir. Elle doit prévaloir au moins jusqu'au 15 avril et peut-être plus longtemps si les consignes sanitaires l'exigent."
Et de poursuivre : "Quand je dis peut-être plus longtemps, c'est probablement plus longtemps", a-t-il ajouté.
De "vraies difficultés" pour s'approvisionner en masques
Édouard Philippe a par ailleurs reconnu les "vraies difficultés" auxquelles se heurte la France pour s'approvisionner en masques contre le coronavirus. Plusieurs présidents de régions ont affirmé que des acheteurs américains avaient "surenchéri" pour obtenir des masques. Washington a démenti l’information jeudi.
Les difficultés d'approvisionnement tiennent "à la demande considérable qui vient vers la Chine des États-Unis, de l'ensemble de l'Europe, du monde entier en vérité, et à la capacité qu'a la Chine à conserver des masques pour elle, ce qui peut parfaitement s'entendre mais qui a un impact sur nous", a expliqué aussi Édouard Philippe.
Ce ne sont "pas des difficultés logistiques liées à des avions qui manqueraient car nous avons vraiment la capacité d'envoyer des avions au fur et à mesure que c'est nécessaire, mais la capacité parfois à accéder aux produits des commandes qui ne sont pas toujours livrées pour des raisons assez variées", a-t-il ajouté, sans plus de précisions.
Le bac devra être organisé "d'une façon totalement neuve et originale"
Le chef de l'exécutif a ensuite abordé la question du baccalauréat. Il a reconnu qu'il ne serait pas possible aux lycéens de terminale de "passer le bac dans des conditions normales", semblant privilégier la piste d'un "contrôle continu" complet pour sanctionner ou non l'examen.
"L'interruption des cours, des classes, va avoir un impact sur la capacité de chacun à respecter la totalité du programme", a reconnu Édouard Philippe. "Il est donc acquis que les épreuves ne pourront pas se dérouler au mois de juin comme chaque année".
En conséquence, les épreuves du bac 2020 devront être organisées "d'une façon totalement neuve et originale", a dit le Premier ministre. "Soit elles auront lieu sur le fondement du contrôle continu, basé sur les premiers et deuxièmes trimestres. Et si les cours peuvent reprendre dans de bonnes conditions au cours du mois de mai ou juin, alors le dernier trimestre" comptera aussi.
L'hypothèse d'un nouveau report des municipales
Édouard Philippe a en outre évoqué l'hypothèse d'un nouveau report du second tour des élections municipales à "octobre" ou "après", selon ce que dira le rapport d'étape sur l'épidémie de coronavirus qui doit être publié le 23 mai.
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Cet éventuel nouveau report du second tour, initialement prévu le 22 mars et reporté au 21 juin, a été évoqué lors d'une visioconférence jeudi matin entre Édouard Philippe et les présidents de partis politiques, responsables de groupes parlementaires et d'associations d'élus.
"La décision d'organiser ou non le deuxième tour le 21 juin sera prise le 23 mai à l'issue d'un rapport qui permettra de dire à ce moment-là s'il est possible de l'organiser" à cette date, a rappelé le Premier ministre.
"Si c'est possible le deuxième tour des élections municipales se tiendra à cette date. Si on fait le constat, en mai, qu'en juin il n'est pas possible d'organiser le deuxième tour, ce que beaucoup des observateurs ou des acteurs de la vie politique pressentent ou ressentent (...), il faudra décaler cette élection, peut-être en octobre, peut-être après", a-t-il développé
Une telle décision, qui nécessitera de refaire le premier tour là où les candidats n'ont pas déjà été élus, pourrait aussi impliquer de reporter également les élections sénatoriales prévues en septembre.
Des contrôles stricts pour les vacances
Le Premier ministre a exhorté les Français à ne pas partir en vacances à Pâques et à continuer de respecter le confinement obligatoire en vigueur depuis le 17 mars et jusqu'au 15 avril, afin de faire en sorte que "la digue tienne".
Des "contrôles stricts" vont donc être menés pour éviter que le début des vacances scolaires se traduise par des trajets qui viendraient "ruiner l'effort collectif" fourni depuis trois semaines, a-t-il poursuivi. "Nous sommes dans un combat long dur, que la digue tienne, nous devons tous ensemble faire en sorte qu'elle continue à tenir."
Avec AFP