En France, un train à grande vitesse (TGV) médicalisé a été mis en place pour transporter des malades du Grand Est, région submergée par l’épidémie du coronavirus, vers des hôpitaux de l’Ouest, moins affectés pour l’instant par le Covid-19. Une opération "inédite en Europe".
Des civières et du personnel médical protégé de pied en cap s'affairant dans une gare interdite d'accès… Vingt malades du coronavirus en réanimation ont quitté, jeudi 26 mars, Strasbourg, dans l’est de la France, à bord d'un TGV médicalisé à destination de l’ouest du pays. Une opération sans précédent visant à soulager les hôpitaux alsaciens pris à la gorge par l'épidémie.
Le train est parti comme prévu vers 11 h, en direction de l'Ouest, où les hôpitaux d'Angers, Le Mans, Nantes et La Roche-sur-Yon prendront en charge ces patients gravement atteints.
"Inédit en Europe"
Avec 506 morts recensés dans les établissements sanitaires du Grand Est, sur les 1 331 décomptés dans les hôpitaux français, cette région reste l'un des points noirs de l'épidémie en France.
Long cortège d'ambulances aux gyrophares flashant sous la verrière de la gare, personnel masqué en blouse blanche, surblouse bleue ou gilet jaune s'affairant sur le quai où stationnait depuis mercredi soir le TGV Duplex médicalisé... L'atmosphère dans cette gare désertée par les voyageurs, était à la fois fébrile et concentrée pour cette évacuation qualifiée en début de semaine d'"inédite en Europe" par le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Les premiers patients avaient été hissés dès 8 h 30 à bord du TGV sur des civières portées à bout de bras. Ils devaient être installés dans cinq voitures, à raison de quatre par salle basse, celles du haut étant dévolues à la circulation des matériels et des personnels soignants, selon des précisions communiquées par la Direction générale de la Santé (DGS).
Cinquante soignants et logisticiens
Une équipe médicale constituée d'un médecin anesthésiste-réanimateur, d'un interne, d'un infirmier anesthésiste et de trois infirmiers est présente dans chaque voiture.
Ces soignants sont issus des CHU de Nantes et d'Angers ainsi que de l'AP-HP Paris, tandis que le Samu de Paris coordonne la manœuvre. Environ 50 soignants et logisticiens participent au voyage.
Précaution supplémentaire : une rame classique a été accouplée à la rame médicalisée afin de faire face à de possibles aléas, comme une collision avec du gibier.
"La région Grand Est est au pic de sa vague, qu'on va tous connaître probablement dans nos régions dans les semaines qui viennent, explique Lionel Lamhaut, médecin urgentiste responsable de la mission. L'idée est justement de jouer sur le décalage des régions pour prendre des malades des régions qui sont en plein pic épidémique, les transporter vers des régions plus calmes actuellement et qu'après ce jeu de rotation puisse avoir lieu sur tout le territoire national voire européen si besoin."
Afin de soulager les hôpitaux du Grand Est, plusieurs opérations d'évacuation de patients ont précédemment été conduites par un Airbus de l'Armée de l'air vers d'autres établissements de soins en France, une première également. Des évacuations ont été organisées aussi par hélicoptère vers des hôpitaux français moins sollicités.
Et depuis le week-end dernier, les pays frontaliers sont également venus à la rescousse du Grand Est, accueillant plusieurs malades. Une quarantaine de lits de réanimation ont été mis à disposition des patients alsaciens mais aussi lorrains par l'Allemagne, la Suisse et le Luxembourg.
Avec AFP