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Algérie : une figure du Hirak condamnée à de la prison ferme

Une figure du mouvement de protestation en Algérie, Karim Tabbou, a été condamnée, mercredi, à un an de prison, dont six mois ferme, pour "atteinte à l’unité nationale", a rapporté la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme.

L’un des visages les plus connus du Hirak, le mouvement de contestation qui appelle à la démocratisation de l’Algérie, va continuer à dormir en prison. L’opposant politique Karim Tabbou a été condamné, mercredi 11 mars, à un an de prison dont six mois ferme, a indiqué à l'AFP Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH).

"Il s'agit d'une condamnation, cela s'inscrit dans la logique de durcissement de la justice. Le verdict est lourd", a estimé Saïd Salhi, en précisant que Karim Tabbou serait "libéré le 26 mars" quand il aura fini de purger sa peine.

Placé en détention une première fois le 12 septembre après avoir été inculpé "d'atteinte au moral de l'armée" par un tribunal de Tipaza, à l'ouest d'Alger, il avait été remis en liberté le 25 septembre. À nouveau arrêté dès le lendemain, il avait été inculpé cette fois d'"incitation à la violence" et une nouvelle fois incarcéré.

Mercredi, le tribunal de Sidi M'hamed à Alger n'a pas retenu contre lui l'"incitation à la violence" mais l'a "condamné pour atteinte à l'unité nationale", a déclaré à l'AFP l'un de ses avocats, Me Salah Abderahmane.

Procès de Karim Tabbou ce matin au tribunal de Sidi Mhamed,
En attendant l’ouverture des portes.
Ses parents, ses frères et ses compagnons sont déjà là. #Algerie #Karim_Tabbou pic.twitter.com/OJjIUFZkF6

— Mahrez Rabia (@mahrezrabia) March 4, 2020

Durant son procès, à l'issue duquel le procureur avait requis une peine de quatre ans de prison ferme le 4 mars, Karim Tabbou avait rejeté toutes les charges.

Chef d'un petit parti d'opposition non enregistré, l'Union démocratique et sociale (UDS), Karim Tabbou, 46 ans, est un opposant politique, devenu l'une des personnalités les plus populaires du Hirak, le mouvement de protestation antirégime qui secoue l'Algérie depuis plus d'un an. Son portrait est régulièrement brandi lors des manifestations hebdomadaires.

L'une des voix du Hirak

Avant de fonder l'UDS, Karim Tabbou avait été, de 2007 à 2011, premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), plus ancien parti d'opposition d'Algérie.

Si le "Hirak" n'a pas de structure formelle, Karim Tabbou en est l'un des visages et l'une des voix.

Une autre voix de la contestation, Hadj Ghermoul, l'un des tout premiers à avoir dénoncé la candidature à un 5e mandat présidentiel d'Abdelaziz Bouteflika, a été jugé, mercredi, en appel par un tribunal de Mascara (nord-ouest de l'Algérie).

Le procureur a réclamé une peine plus lourde contre ce militant condamné à 18 mois de prison ferme pour avoir diffusé des vidéos "portant atteinte à l'intérêt national", a précisé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) sur sa page Facebook.

Le verdict sera rendu le 25 mars prochain.

Plusieurs dizaines de personnes restent en détention dans le cadre du mouvement de contestation, selon les organisations de défense des droits humains, leur nombre précis étant difficile à établir en raison des remises en liberté et des interpellations qui se succèdent.

 Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, le "Hirak" exige le changement de l'ensemble du "système" en place depuis l'indépendance en 1962.

Avec AFP