Lors de la Journée internationale des droits des femmes, dimanche, des associations et des militantes féministes ont déploré des "violences policières" commises la veille, à Paris, lors d'une manifestation "féministe et antiraciste". Une indignation partagée par plusieurs personnalités, comme la maire de Paris, Anne Hidalgo, ou Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les hommes et les femmes.
Alors qu'une grande manifestation pour les droits des femmes était organisée dimanche à Paris, comme dans une dizaine de villes françaises, plusieurs militantes et associations féministes ont dénoncé le 8 mars, Journée internationale du droit des femmes, des "violences policières" lors d'une manifestation "féministe et antiraciste" organisée samedi soir à Paris.
D'après le parquet, ce défilé a donné lieu à neuf interpellations. Sept d'entre elles ont fait l'objet de gardes à vue qui ont toutes été levées dimanche soir. "Aucune poursuite n'a été engagée à ce stade", a précisé le parquet.
Le préfet de police, Didier Lallement, a déploré, dans un communiqué, que "la fin de cette manifestation, pourtant régulièrement déclarée, ait été entachée d'incidents" qui sont "manifestement le fait d'individus ayant pour seul but de provoquer les forces de l'ordre et de perturber le bon déroulé de l'événement".
Des "moyens lacrymogènes" utilisés
De nombreuses vidéos ont été postées sur les réseaux sociaux, montrant par exemple les manifestantes chanter "nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère", face à des CRS tentant de les contenir avec leurs boucliers.
Sur une autre, on voit les forces de l'ordre obligeant les manifestantes à entrer dans une bouche de métro en les traînant sur les marches.
La préfecture assure qu'à la fin du cortège, "malgré l'appel à la dispersion, un groupe de plusieurs centaines de manifestants ne l'ont intentionnellement pas respecté et ont forcé le barrage des forces de l'ordre" qui "ont alors dû utiliser des moyens lacrymogènes" pour les repousser.
[TW] Des militantes féministes chargées et interpellées violemment par les forces de l'ordre lors de la #MarcheFéministe nocturne. Quelques heures avant le 8 mars. On nage en plein délire. ???? https://t.co/rzIEGgvqVd
— #NousToutes (@NousToutesOrg) March 7, 2020Ces heurts entre la police et des manifestantes ont suscité des réactions de la part de militantes et de personnalités politiques. "Je suis atterrée de voir que le ministère de l'Intérieur a choisi de déployer des moyens pour réprimer les femmes plutôt que de renforcer les moyens de lutte contre les violences machistes", s'est par exemple indignée sur Twitter la présidente de la Fondation des femmes, Anne-Cécile Mailfert.
"Je suis choqué de voir que le ministère de l’Intérieur choisit de mettre des moyens sur la répression des femmes plutôt que la violence machiste", déplore Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes pic.twitter.com/SSsSwx63XH
— franceinfo (@franceinfo) March 8, 2020"Des féministes ont été frappées par les forces de l'ordre alors qu'elles manifestaient – notamment – contre les violences sexuelles", s'est émue de son côté la militante Caroline De Haas, du collectif #NousToutes.
Hier soir, des féministes ont été frappées par les forces de l’ordre alors qu’elles manifestaient - notamment - contre les violences sexuelles.@EmmanuelMacron, @CCastaner, @MarleneSchiappa, comment avez-vous pu donner des consignes pareilles ?#marchefeministe
— Caroline De Haas (@carolinedehaas) March 8, 2020La maire de Paris, Anne Hidalgo, candidate à sa réélection, a elle aussi réagi. Se disant "choquée" par des "violences inadmissibles et incompréhensibles", elle a fait part sur Twitter de son "soutien aux manifestantes et manifestants". Le secrétaire national d'EELV, Julien Bayou, a fustigé quant à lui des "violences policières absolument injustifiables".
Choquée par les violences inadmissibles et incompréhensibles la nuit dernière place de la République. Soutien aux manifestantes et manifestants. #8Mars #MarcheFeministe
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) March 8, 2020Cette "marche nocturne", "pour un féminisme populaire antiraciste", était organisée par des collectifs militants distincts de ceux ayant appelé à la marche des "Grandes gagnantes" prévue dimanche après-midi.
Il s'agissait d'une manifestation "non mixte", c'est-à-dire réservée aux femmes ou aux transsexuelles, selon l'appel publié sur le site paris.demosphere.net.
Selon la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les hommes et les femmes, Marlène Schiappa, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner "a demandé un rapport à la préfecture de police sur ce qui s'est passé en marge de la #marcheféministe". "Toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits", a ajouté Marlène Schiappa sur Twitter.
Toutes les femmes doivent pouvoir manifester pacifiquement pour faire respecter leurs droits !
Le ministre @CCastaner a demandé un rapport à la Préfecture de Police sur ce qui s’est passé en marge de la #marcheféministe
Avec AFP