La région d’Idleb, en Syrie, a connu, vendredi, une journée d’accalmie après une trêve conclue la veille entre la Turquie et la Russie. Ce cessez-le-feu doit mettre fin à des violences ayant tué près de 500 civils, et provoqué le déplacement de près d'un million de personnes.
Théâtre depuis plusieurs mois d'une bataille acharnée et d'une grave crise humanitaire, la région d'Idleb a connu une rare accalmie, vendredi 6 mars, au lendemain d'un accord de trêve dans le nord-ouest de la Syrie où Damas tente de reprendre des zones échappant à son contrôle.
Ce cessez-le-feu, entré en vigueur à minuit (22 h GMT), a été conclu jeudi entre la Russie - soutien de Damas - et la Turquie, qui appuie des groupes rebelles.
Alors que le dirigeant syrien, Bachar al-Assad, s'est dit vendredi "satisfait", selon un communiqué de sa présidence, Washington a annoncé s'opposer à l'adoption d'une déclaration du Conseil de sécurité de l'ONU soutenant cet accord, la jugeant "prématurée".
La trêve s'est maintenue durant la journée, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et des correspondants de l'AFP.
"Absence totale d'avions de guerre"
Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a souligné "l'absence totale d'avions de guerre russes et du régime dans l'espace aérien d'Idleb", malgré des affrontements intermittents et des échanges de tirs lors des trois premières heures de vendredi, dans la nuit.
Ces accrochages ont fait six morts parmi les soldats syriens et au moins neuf parmi les jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP), dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine.
À Damas, l'agence de presse officielle Sana a indiqué que "le calme régnait" sur l'ensemble de la région.
Jeudi, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, sont parvenus à un accord de cessez-le-feu au terme d'une réunion marathon à Moscou.
Cette trêve doit mettre fin à des violences ayant tué près de 500 civils, selon l'OSDH, et fait près d'un million de déplacés depuis le début, en décembre, d'une nouvelle offensive de Damas dans la région, d'après l'ONU.
"Aucune confiance"
Selon l'accord de jeudi, la Russie et la Turquie organiseront à partir du 15 mars des patrouilles communes sur une large portion de l'autoroute M4, un axe crucial pour Damas, reliant Alep (nord) à Lattaquié (ouest) en passant par la région d'Idleb.
Mais les habitants d'Idleb sont pour le moins sceptiques. Un précédent accord conclu entre Ankara et Moscou en septembre 2018 prévoyant l'instauration d'une zone "démilitarisée" pour éviter une nouvelle offensive de Damas est resté lettre morte.
Des dizaines de personnes ont manifesté dans la localité de Kafr Takharim (nord-ouest d'Idleb) contre l'accord, qui ne prévoit pas, selon eux, un retour des déplacés chez eux, a indiqué un correspondant de l'AFP sur place.
Déclenché le 15 mars 2011 par des manifestations prodémocratie, le conflit syrien a fait plus de 380 000 morts et s'est complexifié au fil des années, avec l'implication de multiples acteurs régionaux et internationaux.
Avec AFP