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Frontières turques ouvertes, des milliers de migrants continuent d'affluer vers la Grèce

Après l'annonce par le président Erdogan de l'ouverture des frontières turques, des milliers de migrants sont encore bloqués dimanche à la frontière entre la Turquie et la Grèce. Des incidents ont éclaté sur l'île de Lesbos, où des habitants ont incendié un centre d'accueil pour migrants inoccupé. 

Syriens, Afghans, Irakiens… Ils étaient plusieurs milliers à affluer vers la Grèce, porte d'entrée de l'Europe, dimanche 1er mars. La veille, le président turc Recep Tayyip Erdogan, avait de nouveau menacé de laisser ouvertes les porte de l'Europe en ouvrant les frontières de la Turquie. Un chantage exercé afin d'obtenir un appui occidental en Syrie, où Ankara affronte le régime de Damas.

Alors que la Grèce dit avoir bloqué l'entrée "illégale" de 10 000 migrants en 24 heures, ce sont au moins 2 000 migrants supplémentaires qui sont arrivés à la frontière grecque, dimanche, courant à travers champs pour rejoindre le point de passage de Pazarkule (Kazstanies, côté grec).

L'agence européenne de contrôle des frontières, Frontex, a annoncé dimanche avoir déployé des renforts et relevé son niveau d'alerte à la frontière gréco-turque.

Le commissaire européen chargé des Migrations, Margaritis Schinas, a écrit, sur Twitter, avoir demandé une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne pour discuter de la situation.

Frontières turques ouvertes, des milliers de migrants continuent d'affluer vers la Grèce

Des gendarmes turcs leur faisaient signe de la main d'avancer

Depuis la première annonce de la Turquie, vendredi, l'Europe craint une nouvelle crise migratoire semblable à celle qui a secoué le continent en 2015.

L'Union européenne a exprimé, samedi, sa "préoccupation", se disant prête à fournir une aide supplémentaire à la Grèce et à la Bulgarie, frontalières de la Turquie, qui se sont barricadées.

De son côté, l'ONU avait chiffré à au moins 13 000 le nombre de migrants massés le long des quelque 200 kilomètres de frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie.

Bloqués à Pazarkule, quelques milliers d'entre eux ont passé la nuit emmitouflés dans des couvertures, allumant des feux de camp pour se réchauffer. Masque hygiénique sur le visage, des gendarmes turcs leur faisaient signe de la main d'avancer.

Par la terre, mais aussi par la mer

Samedi, des migrants ont découpé des trous dans la clôture frontalière côté turc pour pénétrer dans le no man's land situé avant la frontière grecque, mais ont été repoussés par des grenades lacrymogènes tirés par les policiers grecs.

Des échauffourées ont éclaté toute la journée, des migrants répondant à l'intervention des policiers par des jets de pierres. Athènes a déclaré que plus de 130 migrants avaient été arrêtées depuis samedi.

Les Nations unies ont appelé au calme dimanche et à ne pas utiliser une force "excessive" contre les migrants. "Les États ont certes le droit légitime de contrôler leurs frontières et de gérer les mouvements irréguliers, mais ils devraient se retenir d'user d'une force excessive et disproportionnée et mettre en place un système permettant de faire une demande d'asile de manière ordonnée", a écrit un porte-parle du Haut commissariat aux réfugiés (HCR), Babar Baloch, dans un e-mail à l'AFP.

Si la plupart des migrants tentant de traverser la frontière terrestre semblaient bloqués, d'autres prenaient la mer pour gagner la Grèce par les îles de la mer Égée.

Au moins 500 migrants ont ainsi accosté, dimanche, à Lesbos et à Samos. Aux cris de "rentrez en Turquie", un groupe d'habitants de Lesbos a empêché d'autres migrants d'accoster avec leur canot après plusieurs heures en mer, ont constaté des photographes de l'AFP. Des habitants ont également mis le feu à un centre d'accueil inoccupé de migrants près de la plage de Skala Sykamineas.

Ankara a affirmé que plus de 76 000 migrants avait quitté la Turquie par la province turque d'Edirne (nord-ouest) depuis vendredi. Un chiffre invérifiable qui semble surévalué par rapport à la réalité observée sur le terrain par l'AFP.

Avec AFP