
L'Égypte s'apprête à inhumer mercredi en grande pompe son ancien président, Hosni Moubarak, décédé la veille à l'âge de 91 ans.
Drapeaux en berne, coups de canon, l'Égypte s'apprête à rendre les honneurs militaires, mercredi 26 février, à son ex-président Hosni Moubarak, décédé mardi à l'âge de 91 ans, dans un hôpital du Caire.
Une cérémonie officielle doit se tenir en son honneur à partir de 14 h (12 h GMT) à la mosquée al-Mouchir Tantaoui, dans l'est de la capitale. Celui qui a dirigé le pays pendant 30 ans doit ensuite être enterré dans le tombeau familial à Héliopolis, dans l'est de la ville.
Mercredi matin, un important dispositif de sécurité, comprenant des véhicules blindés, a été déployé près de la mosquée et du cimetière, alors qu'une foule de reporters approchait des lieux, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des funérailles en grande pompe
Plusieurs canons étaient alignés devant la mosquée en vue de l'hommage militaire et des dizaines d'admirateurs de Hosni Moubarak étaient rassemblés à proximité. Ils arboraient des portraits de l'ancien président et des drapeaux égyptiens.
Samir Gaafar, 59 ans, vêtu d'une galabeya traditionnelle tenait une photo de l'ex-président avec un texte dénonçant la révolte de 2011. "Je viens aujourd'hui car les pauvres de ce pays sont devenus plus pauvres après Moubarak", a-t-il dit à l'AFP.
Avec ces funérailles en grande pompe, que la télévision nationale a prévu de diffuser en direct, le président déchu reçoit ainsi un hommage officiel du gouvernement égyptien.
Trois jours de deuil national ont été décrétés à compter de mercredi par le gouvernement de l'actuel président Abdel Fattah al-Sissi, qui comme le défunt président, est un militaire à la tête d'un régime autoritaire.
"Moubarak n'a jamais trahi son pays"
L'ex-président islamiste Mohamed Morsi, arrivé au pouvoir en 2012 dans la foulée du Printemps arabe, puis destitué par l'armée l'année suivante, n'avait pas eu les mêmes égards à sa mort en 2019. Son enterrement avait eu lieu dans la plus grande discrétion, loin des caméras.
Mardi soir, Abdel Fattah al-Sissi avait salué en Hosni Moubarak l'un des "héros de la guerre d'octobre 1973" contre Israël, durant laquelle il avait dirigé l'armée de l'air.
Plusieurs responsables, notamment militaires, lui ont rendu hommage. Sur sa page Facebook, le commandement des forces armées égyptiennes a déploré la disparition "d'un de ses fils".
Mais outre les Palestiniens, Israéliens et Émiratis, peu de dirigeants étrangers ont communiqué sur la mort de l'ex-chef d'État, qui a été pendant des années une figure familière des réunions internationales, présentant son pays comme un pilier modéré au sein du monde arabe.Le secrétaire d'État américain, Mike Pompeo, a brièvement présenté ses condoléances mardi lors d'un point presse au département d'État.
Le quotidien d'État al-Ahram, titrait mercredi : "Moubarak entre les mains de Dieu" avec le portrait de l'ancien raïs habillé d'un bandeau noir en signe de deuil. "On pouvait être d'accord avec lui ou pas, mais une chose est certaine : Moubarak n'a jamais trahi son pays", écrivait Mohamed Amin, éditorialiste au quotidien privé Al-Masry al-Youm.
Jugé et blanchi
Comparant le destin d'Hosni Moubarak avec celui d'autres chefs d'États tombés pendant le Printemps arabe comme le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, décédé en exil, Mohamed Amin a souligné que l'ex-raïs, resté en Égypte, "a vécu avec sa dignité et son arrogance".
Mardi soir, l'AFP a interrogé des passants près de la place Tahrir au Caire, épicentre de la révolte populaire de 2011, relevant des sentiments mitigés parmi les anonymes interrogés.
L'un d'eux a estimé que l'Égypte "aurait été un pays différent" si Hosni Moubarak avait adhéré à l'idée d'un "transfert pacifique du pouvoir" et n'avait pas régné si longtemps.
"Qu'il repose en paix", a dit un autre en évoquant "les bonnes choses" apportées aux Égyptiens sous la présidence Moubarak, mais évoquant aussi, sans autre précision, "les grandes injustices" vécues par le peuple.
Lors de sa présidence, l'ouverture des dernières années a valu à l'Égypte une amorce de décollage économique. Mais son règne de trois décennies a surtout été marqué par de profondes inégalités sociales, des abus policiers et une corruption endémique.
Arrêté et jugé dans plusieurs affaires, il aura été le premier président du pays à être traduit en justice. Il a toutefois été blanchi de la plupart des accusations qui pesaient contre lui.
Avec Reuters