
Le parquet national financier français a ouvert une enquête concernant l'assassinat, à Malte en 2017, de la journaliste Daphne Caruana Galizia, a-t-il annoncé mercredi. La justice cherche à vérifier si les activités économiques en France d'un suspect ont pu servir à corrompre des responsables maltais.
L'enquête autour de l'assassinat à Malte de la journaliste Daphne Caruana Galizia pourrait rebondir en France. Le parquet national financier a annoncé, mercredi 12 février, avoir ouvert une enquête concernant l'un des suspects, dont les activités économiques en France auraient pu servir à corrompre des responsables maltais.
La famille de cette journaliste et l'organisation Reporters sans frontières (RSF) avaient déposé une plainte le 3 décembre 2019 pour "complicité d'assassinat" et "corruption", visant en particulier l'homme d'affaires Yorgen Fenech, qui possède des hôtels et une écurie de chevaux de course en France.
L'ex-chef de cabinet du Premier ministre maltais, Keith Schembri, et l'ancien ministre du Tourisme Konrad Mizzi sont également visés par cette plainte.
Les plaignants soupçonnent que les revenus générés par ces actifs ont pu servir à corrompre les deux hommes politiques dans le but d'obtenir un marché public, un sujet sur lequel la journaliste d'investigation enquêtait justement lorsqu'elle a été assassinée.
Ils avancent aussi que les investissements français de l'homme d'affaires ont pu servir à payer "les auteurs de l'attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie à la journaliste le 16 octobre 2017".
Coopération avec les autorités judiciaires maltaises
Confiées à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, les investigations "seront menées dans un esprit d'étroite coopération et de complémentarité d'enquête avec les autorités judiciaires maltaises, saisies des faits d'assassinat", a souligné le parquet national financier dans son communiqué.
Cette affaire a éclaboussé le gouvernement maltais et poussé à la démission le Premier ministre Joseph Muscat, accusé d'avoir interféré et protégé ses collaborateurs dans l'enquête.
À la suite des investigations menées en collaboration avec Interpol et le FBI américain, trois hommes considérés comme de simples exécutants sont en procès. Yorgen Fenech a été inculpé pour complicité.
En creusant le volet maltais des Panama Papers, Daphne Caruana Galizia avait révélé qu'une société de Dubaï, la 17 Black, aurait versé 2 millions d'euros à Keith Schembri et Konrad Mizzi. Le consortium de journalistes Daphne Project, qui a repris ses enquêtes, a révélé que la cette société appartenait à Yorgen Fenech.
Avec AFP