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Au Cameroun, des élections législatives sans suspense mais sous tension

Les élections législatives camerounaises se déroulent dimanche sans suspense. Dans un contexte tendu, le taux de participation sera scruté, tout comme le nouveau visage de l'opposition dans la future chambre basse du Parlement.

Les Camerounais élisent, dimanche 9 février, leurs députés et conseillers municipaux, des scrutins que devrait emporter confortablement le parti de l'inamovible président Paul Biya dans un pays en proie à de violents conflits, séparatiste dans l'ouest anglophone et contre les jihadistes dans l'Extrême-Nord.

L'enjeu des résultats résidera donc essentiellement dans le niveau de participation, une partie de l'opposition ayant appelé au boycott et les violences risquant de dissuader les électeurs d'aller aux urnes dans l'ouest et le nord.

À Buéa, le chef-lieu du Sud-Ouest, l'une des deux régions où se concentre la minorité anglophone du pays, les bureaux de vote étaient quasiment déserts une heure après leur ouverture à 8 h. Policiers et soldats, déployés en nombre, sont en revanche partout dans la ville. Dans le bureau de l'école publique francophone du quartier de la garnison militaire, une quarantaine de policiers assurent ainsi la sécurité.

Au Cameroun, des élections législatives sans suspense mais sous tension


Quel visage pour l’opposition ?

L'un des deux principaux partis d'opposition, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, adversaire malheureux de Paul Biya à la présidentielle de 2018, boycotte le scrutin. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) du chef de l'État est quasiment assuré de rafler la mise une nouvelle fois – il jouit déjà d'une majorité écrasante à l'Assemblée nationale, avec 148 sièges sur 180.

Outre la participation, et le possible changement de camp de quelques municipalités, c'est le visage de l'opposition – très divisée – dans la future chambre basse du Parlement qui intéressera les Camerounais.

Les candidats d'une myriade de partis d'opposition – 49 en comptant les deux scrutins – avaient enchaîné les débats et les grands oraux sur les chaînes de télévision durant la campagne. Les regards se tournent vers le premier parti d'opposition représenté dans l'Assemblée sortante, le Social Democratic Front (SDF), qui compte actuellement 18 députés.

Mais le SDF, plutôt implanté dans les zones anglophones, est sous la pression des mouvements indépendantistes qui lui reprochent de préférer une solution fédéraliste, que rejette Paul Biya, et de participer au scrutin.

Le SDF doit également faire face à la concurrence du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) du jeune opposant Cabral Libii, arrivé troisième à la présidentielle de 2018 et candidat aux législatives dans le centre du pays, dans une région dont il est originaire et où il part favori.

En l'absence de risque pour la majorité au Parlement, la presse se focalise sur les mairies. Certaines grandes villes, dont Douala, la capitale économique, pourraient ainsi passer à l'opposition.

Avec AFP