Dmitri Medvedev est arrivé en Suisse pour une visite historique de deux jours. Premier chef d'État russe en visite dans la Confédération, il espère obtenir le soutien de Berne avant l'Assemblée annuel de l'ONU et le G20.
AFP - Le président russe Dmitri Medvedev est arrivé lundi en Suisse pour la première visite jamais effectuée par un chef d'Etat russe dans la Confédération, où il espère obtenir le soutien de Berne sur son projet de sécurité en Europe ou encore l'adhésion de Moscou à l'OMC.
M. Medvedev, pour qui la Suisse est la première étape avant un périple qui le conduira cette semaine à l'Assemblée annuelle de l'ONU à New York et au sommet du G20 à Pittsburg (Etats-Unis), doit rencontrer le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz ainsi que les six autres ministres du gouvernement helvétique.
Le programme des discussions prévues dans l'après-midi dans un manoir près de la capitale s'annonce aussi chargé que varié, allant de la crise économique à "l'intensification des relations bilatérales" en passant par la réforme du G20, dont la Suisse voudrait faire partie.
Le chef de l'Etat russe a déjà indiqué qu'il espérait à cette occasion obtenir le soutien de Berne pour son projet de refonte de la sécurité européenne. Très irritée par l'Otan, Moscou voudrait un nouveau "pacte régional".
Dans un entretien accordé à plusieurs quotidiens suisses ce week-end, M. Medvedev s'est expliqué: "Nous suggérons de créer un lieu de rencontre universel où puissent se discuter et se trancher les problèmes de sécurité européens. Mais ce lieu de rencontre doit être ouvert à tous".
L'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui occupe actuellement cette fonction "ne permet pas de régler toutes les questions" sécuritaires, a-t-il ajouté.
"Il me semble que la Suisse a de bonnes raisons de soutenir cette initiative" parce qu'elle "n'est liée par aucune discipline de bloc", a-t-il fait valoir.
En outre, les deux chefs d'Etat devraient évoquer le mandat de médiation de la Suisse entre la Russie et la Géorgie dont les relations sont au plus mal, Berne représentant les intérêts des deux pays dans leurs capitales respectives.
Enfin, ils parleront de l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui piétine depuis 1993 et auquel la Suisse a réaffirmé son soutien. La Russie vient de compliquer encore le processus, selon l'OMC, en réclamant une adhésion à trois, avec le Kazakhstan et le Bélarus.
Quant à la question des droits de l'homme, sur laquelle insistent vivement les ONG, Berne n'a "pas exclu que le sujet soit abordé".
La Suisse s'est en tout cas déjà félicitée de cette visite historique, elle qui s'est sentie très isolée sur la scène internationale ces derniers mois, autant par les attaques sur son secret bancaire que dans l'affaire l'opposant au dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
"Comme Etat non membre de l'Union européenne et de l'Otan, la Russie est un interlocuteur important pour notre pays", a expliqué vendredi M. Merz avouant vouloir approfondir leurs liens économiques.
Selon Berne, 600 entreprises disposant de capitaux suisses travaillent sur le marché russe. Par ailleurs, les importations de la Confédération en provenance de Russie se montent annuellement à environ 1 milliard de francs suisses (650 millions d'euros), tandis que ses exportations atteignent quelque 3 milliards de francs suisses (1,9 milliard d'euros).
Bien inspiré avant son arrivée, M. Medvedev, qui doit effectuer mardi une visite de la Suisse centrale, a trouvé un présent symbolique pour ses hôtes: il a offert deux oursons à la capitale helvétique, animal emblème à la fois de Berne, de la Russie et probablement du président dont le nom signifie ours en russe.