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Nucléaire : l'Iran annonce s'affranchir des limites à l'enrichissement d'uranium

L'Iran a annoncé dimanche qu'il s'affranchissait davantage de l'accord de Vienne sur le nucléaire en ne s'imposant plus de limites quant à ses activités d'enrichissement d'uranium. Une mesure sur laquelle le pays pourrait revenir, à condition que les États-Unis lèvent leurs sanctions.

L'Iran devait arrêter sa décision concernant la nouvelle étape attendue de son plan de réduction de ses engagements internationaux. C'est chose faite. Le pays a annoncé dimanche 5 janvier ce qu'il a présenté comme la "cinquième et dernière phase" de son plan de réduction de ses engagements en matière nucléaire, affirmant qu'il ne se sentait désormais plus tenu par aucune limite "sur le nombre de ses centrifugeuses".

Dans un communiqué, le gouvernement de la République islamique indique néanmoins que "la coopération de l'Iran avec l'AIEA [l'Agence internationale de l'énergie atomique, qui soumet son programme nucléaire à un strict contrôle, NDLR] se poursuivra comme avant".

Le gouvernement explique que, "en conséquence" de sa décision sur les centrifugeuses, "il n'y a plus aucun obstacle entravant le programme nucléaire de la République islamique d'Iran sur le plan opérationnel", qu'il s'agisse de "la capacité à enrichir [l'uranium], du niveau d'enrichissement [de l'uranium], de la quantité de matériau enrichi, ou de la recherche et développement". Téhéran ajoute cependant que "le programme nucléaire de l'Iran continuera désormais uniquement sur la base [des] besoins techniques du pays".

Et jusqu'à présent, la République islamique a toujours indiqué avoir besoin d'enrichir l'uranium à hauteur d'environ 5 %, pas plus, niveau suffisant pour produire le combustible nécessaire à la production d'électricité dans une centrale nucléaire. Le communiqué iranien ne dit pas que les besoins techniques du pays ont changé.

Paris, Berlin et Londres exhortent l'Iran à se conformer à l'accord sur le nucléaire

Le gouvernement répète en revanche qu'il est prêt à faire machine arrière à tout moment sur ses annonces."Si les sanctions [contre l'Iran réimposées et durcies par les États-Unis depuis 2018] sont levées et que l'Iran bénéficie des retombées" attendues de l'accord international sur son programme nucléaire conclu en 2015, la République islamique d'Iran est prête à revenir" à l'application pleine et entière de ses engagements, indique-t-il.

En réponse, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont appelé dimanche l'Iran à abandonner les mesures qui sont contraires à l'accord nucléaire de 2005. "Nous appelons l'Iran à retirer toutes les mesures qui ne sont pas conformes à l'accord nucléaire", ont déclaré dans un communiqué commun la chancelière allemande Angela Merkel, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Un accord "crucial pour la sécurité mondiale"

Signé avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni) et l'Allemagne, l'accord de Vienne prévoit une limitation des capacités nucléaires de l'Iran en échange de la levée de sanctions internationales.

Les États-Unis se sont désengagés de cet accord en 2018 et ont rétabli leurs propres sanctions contre Téhéran, plongeant l'économie iranienne dans une sévère récession.

Plus tôt dimanche, l'Union européenne a indiqué que Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne, avait invité à Bruxelles le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.

"Je me suis entretenu avec le ministre iranien des Affaires étrangères à propos des développements récents", avait-il indiqué sur son compte Twitter. "Nous avons souligné la nécessité de désamorcer les tensions, de faire preuve de retenue et d'éviter une nouvelle escalade". Celui-ci avait également admis avoir discuté de l'importance de préserver l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien "qui reste crucial pour la sécurité mondiale". 

Avec AFP