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Un avocat japonais de Carlos Ghosn dit comprendre sa fuite, après s’être senti "trahi"

Takashi Takano, l'un des avocats de Carlos Ghosn au Japon, a confié samedi s'être senti "trahi" par sa fuite au Liban. Un geste qu'il dit finalement comprendre, au vu de la manière dont son client a été traité par le système judiciaire japonais.

"J'ai d'abord été en proie à une forte colère. Je me sentais trahi", a écrit Takashi Takano sur son blog, assurant n'avoir rien su des plans de fuite de son client, Carlos Ghosn.

L'avocat japonais a confié, samedi 4 janvier, s'être d'abord senti "trahi" par la fuite de son client au Liban, survenue dans la nuit du 29 au 30 décembre, avant finalement de comprendre son geste. Takashi Takano a pointé l'extrême sévérité de la justice nippone : "La colère a cédé la place à autre chose quand je me suis rappelé comment il était traité par le système judiciaire du pays."

"Je peux facilement imaginer que si d'autres personnes avec des moyens financiers, des relations et la capacité d'agir vivaient la même expérience, elles feraient la même chose ou du moins l'envisageraient", a-t-il ajouté.

Ancien patron de Renault et Nissan, Carlos Ghosn a fui le Japon où il était en liberté sous caution après 130 jours de prison dans l'attente de son procès pour diverses malversations financières présumées.

Un système judiciaire critiqué par des ONG

Depuis fin avril, l'homme d'affaires franco-libano-brésilien vivait en résidence surveillée à Tokyo, dont il pouvait toutefois s'absenter pour trois jours maximum sans autorisation spéciale de la justice. Il lui était en revanche formellement interdit de quitter le pays.

À moins de se connecter dans les bureaux de ses avocats, il n'avait pas non plus le droit d'accéder à Internet. Il lui était également interdit par les juges de voir ou contacter son épouse Carole, ce que sa défense considérait comme une "punition" cruelle visant uniquement à le démoraliser.

Il n'avait été autorisé à parler à sa femme qu'à deux reprises depuis avril, par vidéoconférence et en présence de ses avocats.

En quittant le Japon, "je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité, où la discrimination est généralisée et où les droits de l'Homme sont bafoués", avait lancé mardi le magnat déchu.

Des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International critiquent depuis des années le système judiciaire nippon, basé selon eux sur la répétition des interrogatoires pour que l'accusé finisse par craquer.

La peur d'un durcissement des conditions de liberté sous caution

De son côté, Junichiro Hironaka, avocat principal de Carlos Ghosn, a lui aussi estimé samedi devant des journalistes que les sévères conditions de sa liberté sous caution avaient pu le décider à quitter le pays.

Junichiro Hironaka avait déjà déclaré, mardi, comprendre le ressenti de son client à l'égard de la justice japonaise, tout en jugeant "inexcusable" sa fuite.

Avec cette affaire, des juristes redoutent un durcissement des conditions de liberté sous caution dans l'archipel nippon.

Avec AFP