Plusieurs centaines de Marocains ont manifesté, samedi, à Rabat, dénonçant l'arrestation du journaliste et militant Omar Radi, placé en détention la veille pour avoir critiqué une décision de justice sur Twitter.
"Nous ne lâcherons pas", "justice aux ordres", "cet État est corrompu", scandaient les manifestants devant le Parlement dans la capitale.
Plusieurs centaines de manifestants ont protesté, samedi 28 décembre, à Rabat, pour dénoncer l'arrestation d'Omar Radi, journaliste et militant marocain placé en détention la veille pour avoir critiqué sur Twitter, en avril dernier, une décision de justice.
Dans ce tweet, le journaliste âgé de 33 ans avait fustigé le verdict d'un magistrat contre des membres du "Hirak", un mouvement de contestation qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017, condamnés à des peines allant jusqu'à 20 ans de prison.
"Ni oubli, ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité !", avait-il écrit, qualifiant le juge de "bourreau". Omar Radi encourt jusqu'à un an de prison pour "outrage à magistrat". La prochaine audience aura lieu le 2 janvier.
"Campagne féroce de l'État contre la liberté d'expression"
Samedi, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a exhorté les autorités marocaines à "libérer immédiatement" ce "journaliste d'investigation primé".
"Sa détention et son procès injustifiés surviennent dans une atmosphère de plus en plus suffocante pour les journalistes, dissidents et artistes marocains qui s'expriment sur les réseaux sociaux", a déclaré dans un communiqué Sarah Leah Whitson, directrice Moyen-Orient et Afrique du Nord de HRW.
Jailed for a tweet! #Morocco should immediately free Omar Radi and drop its case against him, which reeks of political vengeance against his critical journalism and activism. @hrw report here. https://t.co/EukLjrqMd6
— Sarah Leah Whitson (@sarahleah1) December 28, 2019Omar Radi a collaboré avec plusieurs médias marocains et internationaux et publié des enquêtes sur l'économie de rente ou les collusions entre pouvoir et argent. En 2016, il a révélé une affaire d'acquisition de terrains de l'État à des prix dérisoires par des responsables, dont des conseillers du roi et des ministres.
Plus récemment, il a également couvert nombre de mouvements de contestation ayant agité des régions marginalisées du royaume.
Suite à son arrestation, l'association marocaine des droits humains (AMDH) a fustigé une "campagne féroce de l'État contre la liberté d'opinion et d'expression".
En l'espace de quelques jours au Maroc, un youtubeur a été condamné à quatre ans de prison pour "offense au roi", un lycéen a écopé de trois ans de prison pour une publication sur Facebook et un militant a été placé en détention pour une publication sur les réseaux sociaux.
Si un nouveau Code de la presse ne prévoyant plus de peines de prison est entré en vigueur en 2016 au Maroc, les journalistes continuent malgré tout d'être poursuivis selon le Code pénal, tout comme peuvent l'être des internautes pour des écrits sur les réseaux sociaux.
Dans son dernier classement annuel sur la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) a classé le Maroc 135e sur 180 pays.
Avec AFP