
À l'occasion du discours de la reine, Elizabeth II a présenté, jeudi, le programme de politique nationale du Premier ministre britannique Boris Johnson. Une nouvelle occasion de réitérer la priorité du dirigeant conservateur de sortir de l'Union européenne le 31 janvier.
Une semaine après la large victoire des conservateurs aux législatives anticipées, le Premier ministre britannique Boris Johnson a mis le Brexit en tête de son programme de politique nationale, jeudi 19 décembre, à l'occasion du traditionnel discours de la reine Elizabeth II.
Sortir de l'Union européenne (UE) le 31 janvier (après trois reports), puis chercher à établir des accords de libre-échange avec les grandes puissances et investir dans le système de santé pour répondre aux attentes des électeurs des fiefs travaillistes qui ont basculé... Dans une séquence habituelle au Royaume-Uni, le dirigeant conservateur a listé ses priorités par la voix de la souveraine de 93 ans, dont le discours sous les ors de la Chambre des Lords marque l'ouverture de la nouvelle session parlementaire.
"La priorité de mon gouvernement est de réaliser le départ du Royaume-Uni de l'Union européenne le 31 janvier", a-t-elle indiqué d'emblée, lors d'un discours écrit à Downing Street, qu'elle s’est contentée de lire, comme le veut la tradition
Une adoption après les fêtes
Pour cela, le Premier ministre présentera dès vendredi aux députés une loi d'application de l'accord de divorce négocié avec Bruxelles, censé terminer 47 ans de mariage difficile, et plus de trois ans de psychodrame ayant suivi le référendum de 2016.
Après un vote en deuxième lecture, vendredi, son adoption devrait s'achever après les fêtes. Adoption qui fait peu de doute, les conservateurs disposant de 365 sièges sur 650 à la Chambre des communes.
Downing Street a d'ores et déjà annoncé, jeudi, la fermeture du ministère chargé des préparatifs du Brexit après la sortie le 31 janvier.
Craintes d'une sortie sans accord
"Ensuite, mes ministres chercheront à établir une relation future avec l'UE fondée sur un accord de libre-échange qui profite à tout le Royaume-Uni", a poursuivi la reine.
Boris Johnson veut conclure cet accord commercial en moins d'un an, un calendrier jugé très serré à Bruxelles. Le Premier ministre souhaite également interdire dans la loi d'application de l'accord de retrait, toute extension au-delà de 2020 de la période de transition censée ménager le temps de discuter la future relation.
Cette intransigeance a fait ressurgir les craintes d'une sortie sans accord dommageable à l'économie.
L'UE a rétorqué qu'elle ferait le "maximum" pour aboutir à un accord avant l'échéance, tout en prévenant qu'un "no deal" aurait "plus d'impact sur le Royaume-Uni" que sur les Européens.
Les ministres "commenceront aussi des négociations commerciales avec d'autres économies mondiales de premier plan", a indiqué le gouvernement, qui lorgne en premier lieu sur les États-Unis.
Augmenter les moyens du service public de santé
Rompant avec une tradition quasi immuable, la reine avait cette fois troqué son carrosse contre une Bentley, et sa couronne pour un chapeau vert d'eau, le cérémonial millimétré et pompeux du discours ayant été quelque peu réduit. Le dernier discours de la reine remontait à deux mois seulement, avant le scrutin voulu par l'exécutif alors minoritaire pour avoir les coudées franches sur le Brexit.
Boris Johnson, qui a séduit un électorat populaire dans des régions votant jusqu'alors pour les travaillistes, revendique être à la tête d'un "gouvernement du peuple", chargé de répondre aux aspirations des Britanniques en matière de services publics, de justice sociale ou encore d'infrastructures.
Au-delà du Brexit, il a insisté sur sa volonté d'augmenter, à coup de milliards, les moyens du système public de santé (NHS), gratuit et chéri des Britanniques. Un système de santé affaibli par des années d'austérité conservatrice.
Le Premier ministre prévoit aussi, dans son programme législatif fourni, d'instaurer un système d'immigration à points, de durcir les peines de prison pour les infractions terroristes, mais aussi d'instaurer un service minimum dans les transports en cas de grève.
Avec AFP